MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Iwak #21 – Explosion

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.

Je vous serine avec la polarisation des opinions, mais elle se fait si croissante ces derniers temps, et c’est aussi clairement en l’observant aux USA, qui sont toujours le facteur grossissant fascinant de nos propres sociétés, que cela fait d’autant plus flipper. Car on voit le point de rupture advenir, on voit les populations se dresser les unes contre les autres, et on se demande mais quand est-ce que tout ça va péter ?

J’ai souri malgré tout quand ce week-end j’ai vu cette vidéo de Jon Stewart, qui est un des chroniqueurs du Daily Show que j’adore, qui lui-même se dresse contre cette simplification des discours à charge qu’il observe de manière complètement symétrique, et qui donc perdent forcément de leur substance. Car il met en boîte là en l’occurrence l’ensemble des éditorialistes de gauche1 qui s’insurge contre toutes les actions de Trump en criant au fascisme. Et en même temps, est-ce qu’on peut se taire ? C’est vraiment terrible ce positionnement qui nous amène à être forcément pour ou contre, ami ou ennemi, stupide ou intelligent, obtus ou éveillé, et contre toute nuance. C’est à peu près la critique que je formulais en filigrane ici.

Et pourtant il est facile pour moi de vivre ce même exercice de raison irréconciliable, lorsque je me dis oh bah Lecornu au moins il a le mérite de reprendre les choses de manière calme et ordonnée, et de paraître vouloir un certain consensus et un jeu démocratique dépassionné. Et puis tout de suite je me dis mais nooooon, ce ne sont que des raclures de bidet qui ne cherchent qu’à nous niquer plus profondément, qu’ils aillent donc manger leurs morts. ^^

Bon bah voilà hein, tous victimes, tous bourreaux, tous responsables en tout cas.

Je suis obnubilé par les articles que je lis qui font un rapprochement auquel j’ai du mal à croire entre notre situation et celle d’avant 1939. Que ce soit en Allemagne ou en France, on avait des médias avant-guerre également extrêmement politisés et polarisés, avec des stances de plus en plus violentes et manipulant aussi leurs lectorats. Et donc sommes-nous condamnés à rejouer cette partie là de l’histoire ?

J’ai souri également quand j’ai écouté ce podcast d’Avec Philosophie, que je cite régulièrement, dont le titre m’avait bien sûr donné envie : Simplisme, polarisation et pensée binaire dans le débat public actuel. Eh bien, autant j’avais trouvé que Géraldine s’était améliorée la dernière fois, autant là c’était une catastrophe. Le sujet était pourtant bien posé, et les contributeurs de qualité, mais c’est une émission inaudible et qui ne mène nul part. Grosse déception pour moi.

Aujourd’hui en revanche, Thierry Crouzet remet le couvert avec un article sublime à lire absolument. Il se demande concrètement comment rompre avec cette polarisation et la machine qui nous pousse à encore plus de soumission à ces algorithmes infernaux. Il est dans cette incohérence que nous vivons tous à vouloir se débarrasser des GAFA et des algorithmes, mais à avoir besoin d’audience et de vouloir continuer à jouir des interactions inhérentes aux Internets. Son discours et ses réflexions sont vraiment passionnantes et d’une belle clairvoyance.

Pour autant, je suis déboussolé : durant une vingtaine d’années, j’ai fait comme tout le monde. Ma prise de conscience, mon retrait, me place dans une position inconfortable. Je ne sais plus comment exister artistiquement. Peut-être la radicalité revient désormais à se taire, à se soustraire au brouhaha, à ne plus y contribuer. Et pourtant je publie encore un article, j’ajoute une pierre à l’édifice, mais j’évite de la jeter avec force dans l’océan pour provoquer des ondes qui en annonceront la publication.

Se soustraire au monde de Thierry Crouzet

Et je pense qu’il a raison, il faut apprendre à se taire, et à aimer ça, de nouveau. Mais c’est vraiment très très dur lorsqu’on est accroc. ^^ Il cite également un article à l’étrange synchronicité de JA Westenberg qui évoque exactement cela. Elle déploie une approche merveilleuse qui part carrément de la création de l’univers et décrit toute l’Histoire en quelques paragraphes2. Mais surtout, elle explique comme on est des petites crottes de rien, et c’est sooooo refreshing.

You are insignificant.
So am I.
So is everyone.
And that’s a good thing, because it means we can stop trying so hard to be significant and just focus on being alive, right now, in this improbable moment we’ve been given.
The universe doesn’t care about us, and that’s okay.
We can care about each other instead.

You Are Insignificant. That’s a Good Thing. par JA Westenberg
  1. Je simplifie à mort, car c’est une notion tellement singulière aux USA. ↩︎
  2. On dirait un peu le générique de Big Bang Theory mais à l’écrit. ↩︎
  • Je suis atterré par le discours de Jon Stewart, qui dit que toutes les actions de trump sont légales, qu’il ne fait qu’utiliser les pouvoirs que lui confère la Constitution. C’est le même raisonnement qui poussèrent certains à déclarer que Hitler avait démocratiquement accédé au pouvoir et que donc, bah… tout ce qui s’ensuivit était normal.

    En revanche, j’ai beaucoup apprécié le discours de Thierry Crouzet (que je ne connaissais pas), qui rejoint en tous points mes préoccupations et mes actions récentes. Je suis ce chemin-là.

    • J’ai eu le même cheminement concernant Jon Stewart, mais j’ai compris aussi sa manière de pointer des oppositions qui deviennent un peu « aveugles ». Tout cela est absolument inextricable selon moi… Et par rapport à ses interventions courantes, on ne peut vraiment pas le taxer de collaborationnisme trumpien. :gene:

  • Je mettrais un bémol (ou un complément ? Une contradiction ??)
    Comment passer du singulier, qui se retire du « maintstream », faire quelque chose de collectif, pour éviter que le mainstream tire vers le bas ???

    • Je pense que ce n’est pas possible et qu’on va dans le mur. Les choses bougeront quand les effets se feront sentir pour une majorité qui verra son confort entamé, et ce sera trop tard. Je ne vois pas le bémol du coup, c’est bien une question que tu poses non ? :gene:

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