Je suis retombé par le plus grand des hasards sur ce blog singulier de Baron Rouge et cette publication du dimanche 12 octobre 2008. C’est tellement lui, ça m’a fait sourire. Et ça m’a aussi un peu pincé le cœur. Je sais que les blogs comme cela seront supprimés un de ces quatre, alors j’en garderai au moins la trace ici, jusqu’à ce que je disparaisse à mon tour.
DIMANCHE 12 OCTOBRE 2008
PREAMBULE
Je, représentant du vaste peuple homosexuel, constitué en Assemblée hormonale, considérant que l’ignorance, la religion, le dénigrement de la différence ou le mépris sont les seules causes des malheurs publics et de la sclérose des relations humaines ;
Considérant que l’homosexualité, ou toute autre nuance sexuelle à la stricte hétérosexualité, naît de l’inné, sans impact génétique et ne doit qu’à l’immanent, non pas à de quelconques facteurs déterminants, ne constituant ainsi ni une pathologie ni une déviance de la nature ;
Considérant qu’il n’y a pour conduire l’Homme de Loi plus suprême que celles de la nature et de la raison, lois qui l’encadrent, qui le régissent, mais qu’il s’évertue à transgresser ;
Considérant que les actes de violences morale et physique perpétrés à l’encontre des minorités sexuelles depuis l’origine du monde, la persécution, le dédain et même l’extermination, persistent à l’heure actuelle, au su de tous et dans l’indifférence ;
Considérant que toute différence de traitement entre homos et hétéros fondée sur ce clivage ontologique constitue une entorse à l’égalité de la condition humaine ;
Ai résolu d’exposer dans une Déclaration solennelle l’ensemble des droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homo.
Afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social à l’échelle internationale, leur rappelle sans cesse les droits de leurs congénères LGBT, et les devoirs de respect, de tolérance et de fraternité dans un sens comme l’autre.
Afin que les actes du pouvoir des homosexuels et ceux du pouvoir des hétérosexuels, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution, en soient plus respectés.
Afin que les réclamations des citoyens lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, fondées désormais sur des principes simples et incontestables devant les lois de la raison et de la nature qui les a fait ainsi, tendent toujours vers le bonheur de tous.
En conséquence, l’Assemblée hormonale – qui n’a de gale qu’elle-même – reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de la Nature suprême, les droits suivant de toutes minorités sexuelles :
ARTICLE I
Les homos naissent libres et demeurent égaux aux hétéros en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Homos et hétéros sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
ARTICLE II
1. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homo comme de l’hétéro. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.
2. Chaque homosexuel peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, qu’il soit aryen, noir, transsexuel, arabophone, évangéliste, député démocrate ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
ARTICLE III
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de l’hétéro et de l’homo : nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
ARTICLE IV
1. La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui et la justice à garantir cette liberté ; ainsi l’exercice des droits naturels de l’homo n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’hétéro lui oppose. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par les lois de la nature et de la raison.
2. Nul homosexuel ne peut être tenu en domination par la majorité hétérosexuelle ; la supériorité est interdite sous toutes ses formes par ces mêmes lois.
ARTICLE V
Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n’est pas défendu par ces lois, sages et légitimes, ne peut être empêché, et nul homosexuel ne peut être interdit de faire ce qu’elles autorisent ou contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.
ARTICLE VI
1. La Loi doit être l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens, homos et hétéros, ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, qu’elle protège ou qu’elle punisse. Tous les citoyens, homos et hétéros, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes les dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
2. Chaque transsexuel a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
ARTICLE VII
Nul homo ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu’elle a prescrite. Les homos obéissent comme les hétéros à cette loi rigoureuse. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration.
ARTICLE VIII
1. La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliqué aux homos.
2. Tout homosexuel doit avoir droit à un recours effectif devant les juridictions nationales ou transnationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qu’il estime lui être attribués par les lois de la raison et de la nature.
ARTICLE IX
Tout homosexuel étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne sera pas nécessaire pour s’assure de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
ARTICLE X
Nul homosexuel ne doit être inquiété pour ses opinions, pour son attitude ou ses pratiques sexuelles, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par les lois de la raison et de la nature.
ARTICLE XI
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homosexuel, à plus forte raison qu’elle assure l’échange équitable des idées, combat l’ignorance et abat peu à peu les barrières de compréhension avec la majorité hétérosexuelle. Tout homosexuel peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
ARTICLE XII
1. Nul homo ne peut être l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Tout homo a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions et telles atteintes.
2. La garantie des droits du citoyen, homo et hétéros confondus, nécessite une force publique : cette force doit être instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.
ARTICLE XIII
Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, les contributions de l’homo et de l’hétéro sont égales. Ayant part aux tâches pénibles, à l’effort de travail, aux cotisations, aux heures supplémentaires, aux ponctions de solidarité, l’homo doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie. Cette contribution commune doit être également répartie entre tous les citoyens, homos et hétéros, en raison de leurs facultés.
ARTICLE XIV
1. Devant la persécution, tout homo a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.
2. Ce droit peut être invoqué même dans le cas de poursuites réellement fondées envers un homo sur des agissements contraires aux lois d’un pays, tant que ces agissements sont conformes aux lois de la raison et de la nature qu’une législation discriminatoire ne reconnaît pas comme légitimes.
ARTICLE XV
Tout individu a droit à une sexualité. Nul homo ne peut être arbitrairement privé de sa sexualité ni de ses manifestations.
ARTICLE XVI
Tout homo a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de genre. Ce droit implique la liberté de changer de sexe ou de conviction ainsi que la liberté de manifester son genre ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.
ARTICLE XVII
Tout homo a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques. Nul homo ne peut toutefois être forcé d’en faire partie.
ARTICLE XVIII
1. À partir de l’âge nubile, hétéros et homos, sans aucune restriction quant à la sexualité, ont le droit de contracter une union maritale et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard de cette union, durant cette union et en cas de dissolution.
2. L’union ne peut être conclue qu’avec le libre et plein consente-ment des futurs époux.
3. La famille homoparentale est un élément naturel et fondamental de la société et a le droit à la protection de la société et de l’État.
ARTICLE XIX
La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul homo, aussi bien seul qu’en collectivité, ne peut en être privé ; si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.
ARTICLE XX
1. Tout homosexuel a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis, homos ou hétéros, sans que cet engagement ne souffre de discrimination ou de communautarisme forcenés.
2. La volonté d’un peuple, qui n’est que l’amalgame des corps homo et hétéro, est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics. Cette volonté doit s’exprimer par d’honnêtes élections qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté de vote.
ARTICLE XXI
Tout homo, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes par rapport à ses collègues hétéro, à un salaire égal pour un travail égal, à fonder avec d’autres un syndicat ou s’y affilier pour la défense de ses intérêts ; chacun a le droit au repos et aux loisirs, à des congés payés périodiques, à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille ; chacun, homo comme hétéro, a droit à une éducation qui vise au plein épanouissement de sa personnalité humaine et qui respecte ses orientations naturelles sans tenter de la formater au moule de la majorité ; tout homo a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté et de jouir des arts, le droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l’auteur ; et enfin par-dessus tout, n’importe quel homosexuel – qu’il soit qu’il soit aryen, noir, transsexuel, arabophone, évangéliste, député démocrate ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation – a droit à ce que règne, sur les plans social et international, un ordre tel que ses droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
ARTICLE XXII
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un hétérosexuel un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.
POSTAMBULE
Homo, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre sur les ondes, sur le papier, sur la toile, dans les médias ; reconnais tes droits, dans l’immédiat ! Le puissant empire hétérosexuel, fondé de préjugés, de fanatisme, de superstitions et de mensonges, se fissure de toutes parts. Le flambeau d’éclaireurs éclairés dissipe les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homo esclavagé brise la loi du silence, sort de l’ombre en brisant les fers de la morale. Il devient libre. Ô maux ! Cesse de stagner : suis la splendide oriflamme qui cabriole dans les capitales européennes, dans les métropoles d’Amérique, portée par les justes qui luttent pour toi, où que tu sois ; soutiens-la qui gravit des montagnes et renverse des lois, qui enfonce des portes et agite sous les toits. Cesse de te taire : chante avec moi la mémoire des martyrs, ceux qui en leur temps semèrent l’évènement, récoltant la tempête ; leurs cendres balisent notre chemin de croix. Cesse de te leurrer : ne te satisfait pas d’une vague tolérance, si prompte à condamner ce qu’elle accepte en apparence. L’on aime pas sincèrement ce que l’on se contente de tolérer, alors la tolérance ne doit suffire que d’étape intermédiaire ; appuie-toi dessus pour te hisser par-delà la mêlée. Les homosexuels peuvent faire la pluie et le beau temps, la provocation est leur pouvoir. Ce que la dominance leur a ravi, la subtilité leur a rendu. La justice a un nom, celui qu’on donne à son combat. Cesse de t’apitoyer, la parole est une arme : elle ne se demande pas, on la prend. On ne construit rien de solide sans être militant. La guerre n’a pas de sens mais maintenant ou jamais, c’est de l’autodéfense. Il n’y a qu’à le vouloir qu’on s’affranchit des barrières qu’on nous oppose.
Cesse de pleurer sur ton sort : pense à ceux qui sont morts, pendus en Iran, passés à tabac, cramés dans les camps, internés à Cuba, forcés aux travaux, frappés à la crosse dans le Wyoming. Pense aux exilés, aux suicidés, aux refoulés, à ceux réprimés par l’opprobre, séquestrés au placard. À ceux discriminés, et au travail, et en famille, et en société, par l’homophobie ordinaire. À ceux décimés par le SIDA et accusés de propager cette peste des pédés. Aux ceux insultés dans des manifestations, sur leur palier, au seuil d’un bar, dans un jardin public, à ceux constamment conspués, méprisés, bousculés. À ceux et celles, lesbiennes, bisexuels, gays ou transsexuels, malheureux d’être simplement eux.
Homo ! pense à toutes les victimes d’hier, d’aujourd’hui et demain, quand tu te demandes si tu n’y peux rien.
En leur nom, signe la déclaration.
Cœur pincé. Il avait genre 25 ans quand il a écrit ça!
Oui, et c’est tellement lui.