J’ai offert à ma maman pour Noël un cadeau commun avec mon reuf (un truc de soins sympa dans un Vénus Beauté Institut local…) et puis je tenais aussi à lui faire un présent plus personnel. Je suis un grand, que dis-je, un énorme fan de la série « Six Feet Under », j’y ai d’ailleurs aussi converti M. qui apprécie autant que moi cette fiction et ses personnages. En outre, nous y voyons une peinture de moeurs désopilantes, et plusieurs protagonistes à la psychologie irrésistible. Et puis, surtout, on y retrouve de soi et évidemment de ses congénères. Oui, c’est certes beaucoup plus aisé de faire le parallèle avec les défauts et névroses d’autrui, plutôt que de réaliser avec auto-franchise qu’on se perçoit dans les travers d’un personnage perclus de maladresses.
Cette série m’a marqué par la manière dont elle a pu m’émouvoir ou me faire rire, avec des personnages et des situations tour à tour sincèrement tragiques ou drôles. Et parfois faisant don des deux, grâce à un sens de l’humour noir particulièrement aiguisé et perspicace dont je me suis délecté avec bonheur durant les trois saisons. Les héros sont insolites et incroyables car, au premier abord, ils incarnent des clichés basiques, mais ils acquièrent peu à peu une individualité et une singularité qui les rendent de plus authentiques. On est donc d’abord intrigué par eux, et rassuré car on les voit bien comme des pantins, pures allégories de poncifs et portraits psychologiques bâtis au cordeau. Néanmoins, par la suite, l’histoire leur donne un vécu, des épreuves et des réactions beaucoup plus subtiles qui font qu’on s’attache et qu’on s’identifie plus aisément. Ainsi, je retrouve en définitive des parcelles de mes propres défauts et qualités dans tous les personnages.
J’ai donc offert à ma maman la première saison qui est récemment disponible en DVD, et nous avons regardé les 3 premiers épisodes ce soir dont le pilote. Une chose me fait plaisir, c’est qu’elle a l’air d’apprécier la série, les personnes, l’environnement et les intrigues. Pendant que nous regardions, nous avons aussi pas mal échangé sur ce qu’on en pensait, et je lui ai donné quelques bribes d’explications pour qu’elle rentre un peu plus facilement dans le « trip ». Au bout du troisième, je commence à lui expliquer que je trouve que les personnages deviennent de plus en plus « épais » et intéressants, et qu’on finit par vraiment s’attacher à eux car ils sont dotés de qualités et de défauts, de névroses et de tout ce qu’on peut trouver dans la réalité. Je continue subtilement à exprimer ce point, et je m’apprête à lui dire que je perçois pas mal de similitudes entre elle et Ruth, la mère, à certains égards, lorsqu’elle me dit : « Ouai mais la mère, elle est vraiment barge. Le personnage n’est pas bien réaliste tout de même ! ».
Bon évidemment, je n’ai pas fini ma tirade, j’ai souri, j’ai acquiescé et on a maté la suite. J’ai aussi senti le malaise réciproque lorsque nous avons regardé les scènes de tendresse ou d’amour entre David et Keith. Mais plutôt que de ne rien dire, elle a soufflé : « Je suis étonné de la manière dont ils montrent des relations homos, c’est vachement bien pour une série. ». J’étais déjà content qu’elle utilise le mot « homo », car je lui ai franchement dit récemment que le vocable « homosexuel » avait vraiment une connotation pathologique (dans la bouche des gens, c’est toujours presque technique comme qualificatif) pour moi, et que je préfèrerais qu’elle dise « homo » ou « gay » (steuplé mÔman !). Ensuite, aussi crypté que je peux me montrer, j’ai expliqué que c’était une production HBO, qui a déjà « Sex and the city » dans son escarcelle, et que cela expliquait leur parti pris pour un ton libre et, au contraire, sans tabou (ou même les explorant !). En décodé, elle me faisait remarquer qu’elle les trouvait bien mignons, et je lui ai répondu que moi aussi. Elle a rajouté pour finir de me rassurer qu’elle trouvait que M. avait des airs de Nate (on avait dit deux secondes plut tôt qu’il était très sexy et charmant – Nate bien sûr pas M., arf !).
Ah là là, c’est compliqué parfois pour se parler, mais même si la communication est parfois un peu parasitée ou embrouillée, au moins le canal est là et ouvert, bien tangible, et je sais que cela ne peut aller qu’en s’améliorant.
6 ft. under…
Ouaip, c’est chouette. On s’est offert la 1ere saison aussi. Je vais aussi la prêter à mon frère. Pour mes parents, j’attendrai que mon père ne fuit pas dès que des personnages homo apparaissent…
Les deux premières saisons sont excellentes, mais j’ai du mal à rentrer dans la troisième. C’est à dire que mon personnage préféré est parti, alors bon, je trouve que tout ça est un peu fade. (Je parle par ellipses, désolé, mais je ne veux pas te gâcher ton plaisir si tu n’en es pas encore là).
Bon, alors déjà, Daniel Auteuil en beau, c’était un peu agaçant, mais si en plus il y a du Nate dedans…
j’hésitais à aller m’acheter la 1ère saison, mais là c décidé! J’y cours. C’est pas pour raconter ma vie mais moi je peux parler de tout avec ma mere mais ce doit etre du fait de mon age et du sien…
Je veux pas etre lourd mais je crois que photoblog(ue) n’est pas un mot correct! « Blog(ue) » c a cause de « weblog » alors on devrait dire photolog, et là on aurait du allors voir chez les anglophones, ils savent eux. Sur ce, bises et à +.
C’est vrai ça… en plus généralement les gens utilisent le mot « homosexuel » en accélérant sur la partie centrale du mot – du style « c’est un mot gênant alors on le dit vite »…
Ca m’horripile.
Et moi ma mère l’utilise, grmpf…
En lisant le début du post, je m’apprêtais à commenter « C’est risqué, d’offrir 6FU à ta mère, pour peu qu’elle croie que tu la reconnais dans Ruth » et voilà que tu étais sur le point de lui dire carrément. Tu te rends pas compte, c’était ta condamnation à mort :)
Ouai j’en demande un peu trop tout de même ! Il faut que j’apprenne aussi à être un peu plus raisonnable ! :)