Hier soir, abreuvés de ces émissions H24 sur la dissolution, les élections à venir, et cette atmosphère de peur dégueulasse distillée par des journalistes dont l’objectif est de nous garder en haleine nous proposant une dose constante et cyclique de dopamine pour nous accrocher1, nous avons pensé à Stefan Zweig.
Oui bon d’accord, on peut nous accuser de faire un peu de « drama », mais c’est difficile pour nous de ne pas faire un parallèle avec l’auteur autrichien qui a fui le nazisme, et qui s’est suicidé en 1942 d’un certain désespoir de ce que l’Europe était devenue. Et Nithou, avec qui je partage beaucoup de valeurs (et d’affect pour les mèmes décrivant nos angoisses existentiels sur les Internets), semble aussi y avoir pensé.
Contre ma volonté, j’ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la brutalité qu’atteste la chronique des temps ; jamais — ce n’est aucunement avec orgueil que je le consigne, mais avec honte — une génération n’est tombée comme la nôtre d’une telle élévation spirituelle dans une telle décadence morale.
Le monde d’hier (Stefan Zweig)
- Et ça fonctionne puisque je critique ce truc dont je suis complètement le jouet conscient depuis quelques jours, où j’écoute en boucle les mêmes infos, les mêmes interviews, les mêmes craintes et espoirs de certains ou repoussoirs d’autres. C’est « moins pire » sur France Info, mais eux-mêmes convergent vers cette médiocrité journaleuse triste à mourir. ↩︎
J’ai coupé presque toutes les écoutilles, de mon côté, je vais à la pêche aux infos à des endroits précis et c’est tout.
Je sais que c’est ce qu’il faut faire, mais j’ai un FOMO de malade.
Pas sûre que la chute ait été si brutale, ou alors c’est l’élévation spirituelle qui n’était déjà plus au top. Mais l’avenir m’inquiète, c’est certain.
Je ne sais pas si tu as vu la mini-série Years & Years, mais c’est flippant comme le truc est prémonitoire (et encore plus flippant donc).