Mais alors, qu’est-ce que vous êtes tarés ! Dire que je me trouvais bizarre parce que j’étais pédé quand j’étais plus jeune. Je crois que je ne m’en suis pas si mal sorti finalement…
Samedi, j’étais invité à une crémaillère chez une cousine (une des deux très proches) dans leur nouveau petit pavillon du fin fond du 95. C’est en plein Vexin, un coin vraiment très beau avec une kyrielle de petits villages noyés dans la verdure, les champs, des églises romanes et gothiques superbes, des maisons en pierres bourrées de charmes. Etait invité vraiment toute la famille, et en plus quelques amis de cette cousine et de son mari. Cela devait donner 35 ou 40 personnes je pense. Nous y avons passé toute la journée, du midi jusque tard le soir.
En gros, cela s’est bien déroulé, et j’ai plutôt passé un bon moment en leur compagnie. Mais les conversations et certaines situations étaient complètement surréalistes, des trucs dingues ! D’habitude, je suis plus à même de parler de mes oncles et tantes, que je trouve fréquemment fragiles et un peu déglingués avec leurs enfants. Mais là, c’était manifestement au tour de ma génération, et mes cousins et cousines m’ont prouvé qu’ils étaient tout à fait à la hauteur pour fièrement reprendre le flambeau de leurs géniteurs. C’est surtout qu’on a un truc dingue avec le cul. Je sais que c’est un trait commun à toutes les familles, et la mienne, loin d’en faire exception, le prouve de manière de plus en plus ostentatoire pour moi.
Bien souvent, j’entends certaines réflexions dans mon entourage familiale, et je suis un peu choqué car ce sont des choses que je trouve déplacées et « intimes », des choses que je ne dirais pas à des parents, mais plutôt à des potes ou des confidents. Or, chez moi, je crois qu’on a toujours confondu les deux, ou du moins, ils manquent certainement d’un environnement amical épanouissant. Il est vrai que pour la génération de mes parents, ce sont originellement des gens qui ne connaissent depuis qu’ils sont mômes, et sont mariés à l’âge adulte. Une sorte de situation idyllique ou des amis de jeunesse sont devenus une seule et même famille, prolongeant ainsi l’amitié dans l’amour. Et mes cousins et cousines (j’en ai beaucoup) sont parfois assez proches et plutôt potes. Il faut dire que nous avons entre 28 et 38 ans, et que nous vivions tous à 5 bornes d’Osny.
Cette journée de samedi était donc plutôt cool et festive, et l’alcool a délié les langues, peut-être plus que nécessaire. Ajoutez à cela une pointe de beauferie et c’est parti pour un voyage dans la quatrième dimension.
Je ne peux pas tout dire tellement j’en ai entendu, mais si j’y repense maintenant, j’ai un peu bougé dans les quatre groupes qui étaient plus ou moins formés. Il y avait les amis du mari de ma cousine et des amis du couple en bout de table. Au milieu, il y avait les cousins et cousines que j’ai déjà évoqués ici auparavant. A l’autre bout de la table, on trouvait plutôt les vieux, c’est-à-dire mes parents, oncles et tantes. A l’intérieur, il s’agissait plutôt de potes et collègues de boulot de ma cousine (qui bosse chez Castorama, on ne rit pas !). Evidemment, rien n’était figé, mais il se trouve que les gens s’agglomèrent toujours naturellement vers ceux dont ils sont le plus proches.
J’ai passé une bonne partie de la journée et soirée avec mes cousins et mes oncles et tantes surtout. J’ai eu droit aux discours habituels de mes oncles et tantes, mais j’avoue qu’ils étaient bien lunés cette journée là. Pas de crise, pas de scandale aviné, pas de pleurs à cause de l’éducation des mômes, du manque de reconnaissance de la marmaille ou bien des délires existentiels de couples à la cinquantaine bien entamée.
Du côté cousinage, c’était un peu plus folklo. Mon cousin polysexuel était là avec sa petite amie. Et là c’est déjà un peu délicat. En effet, elle a dix ans de plus que lui (ça, c’est pas gênant !), mais surtout elle est la soeur d’un politicien assez connu de droite. Donc quand on connaît un peu la famille, et surtout les parents de ce cousin, communistes acharnés, et que l’on voit cette nana de 50 balais avec ses lèvres collagénées et ses airs haussmanniens, cela fait un peu bizarre. Au final, elle est très cool, et j’ai été même surpris de son stoïcisme. A certains moments, je crois que c’était tellement énorme, qu’elle ne pouvait même plus être étonnée. Par exemple, lorsqu’un cousin particulièrement teubé, un brin alcolo et paumé (et avec trois gamins) a raconté son expérience passé de gardien de pute rue Saint-Denis. J’ai appris alors qu’en plus d’un mac, les prostituées louaient les services d’un gars (mon cousin) afin de les protéger contre rémunération des clients violents ou récalcitrants. Rien que ça… Ensuite, il nous a avoué qu’il se taperait bien la Baronne Brandstetter. J’en passe et des meilleures !
J’ai voulu bouger un peu donc je suis allé voir ce qui se passait à l’autre bout de la table. Là je suis tombé sur une extraordinaire conversation entre le mari de ma cousine, fan d’Elvis, et un pote à lui, 55 ans, rougeaud, fan de Johnny. Quelques gars devisaient gaiement sur les femmes. En gros cela donnait Johnny qui gueulait et les autres qui acquiesçaient devant la portée philosophique des propos de leur rhéteur hallydayesque :
« Putain les gonzesses putain, c’est toutes des salopes ch’te dis. On pense qu’elles sont soumises et tout, mais nan, elles nous tiennent par les couilles ces salopes. Au doigt et à la baguette, ch’te dis ! Elle veut du papier peint comme-ci ou comme ça, et toi tu dis nan. Et puis quelques jours après, elle fait ce qu’elle veut cette salope, et elle te ramène le papier. Et toi comme une tarlouze, comme un enculé, tu poses sont papier peint de pédé et tu fermes ta gueule. Et pourquoi tu fais ça, hein ? Pourquoi tu fais ça ? Eh bien parce que tu veux avoir la paix, la PAIX. Tu ne veux pas qu’elle te fasse chier, et tu veux tirer ton coup tranquille, tu veux te faire sucer. Donc tu le fais !! Et faut pas croire que les gonzesses, elles sont reconnaissantes ces salopes. Tout ça c’est pour avoir la PAIX ch’te dis, la PAIX. Et la baise, c’tout c’qui compte. Et pis crois pas qu’elles parlent pas entre elles. Les salopes elles sont encore plus salopes lorsqu’elles sont entre copines et qu’elles parlent de cul. Nous on ne dit rien sur elles, ou alors c’est de la blague. Mais ces salopes, si tu bandes pas un jour, elles te traitent de baltringue à leurs copines, et vas-y que je te donne les détails. Aaah les salopes, aaaaaah les salopes, elles nous enculent comme des pédés. »
Bon je m’arrête là, mais j’ai bien écouté cela pendant vingt minutes en rigolant, et puis j’ai lancé : « Ouai bin, finalement c’est moi qui ai trouvé la bonne solution non ? ». Et devant les regards interrogateurs j’ai rajouté : « Bin ouai chuis pédé, je sors avec un mec, donc au moins je n’ai pas de problèmes de gonzesses ! ». Arf, ils ne savaient plus quoi dire, et même Johnny est resté bouche béé. Ensuite, plus surréaliste que jamais, le mari de ma cousine m’a pris dans un coin et m’a fait son coming-out. Et bah voyons ! Il a eu des expériences homos lorsqu’il était ado mais n’a pas trouvé cela concluant. Mein gott ! L’alcool, ce que ça leur fait avouer aux gens.
Ma cousine vient me voir, me fait un sourire et me dit : « Tu as vu, il y a même des lesbiennes ce soir ? ». Hein ? Elle me raconte alors qu’elle a invité deux copines de boulot qui sont en couple, elle veut me les présenter. Et là que voulez-vous dire à quelqu’un qui pense que sous prétexte que vous êtes une tapette, vous allez bien vous entendre avec un couple de goudou !!! Donc me voilà dans la maison avec deux butchettes du neufcinq qui tchatchent du prix des perceuses et du sac de ciment !! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
Je brosse un portrait bien saugrenu de ma famille, mais nous avons aussi eu plein de conversations sympathiques, drôles et ordinaires. Nous sommes notamment tous allés dans les mêmes établissements scolaires, et on a évoqué nos anecdotes collégiennes avec beaucoup de nostalgie et de rires. En fait, nous avons tous eu les mêmes profs et comme j’étais un des petits derniers j’arrivais avec un gros handicap. J’avais même droit à des « B. ? de la famille B. ? Eh bien j’espère que tu n’es pas comme ton frère et tes cousins… ». Le must allant jusqu’à une prof d’anglais du collège que ma mère avait eu comme prof d’anglais lors de sa première année d’enseignement.
Bon c’était cool, mais là je demande un bon répit avant la prochaine réunion familiale ! :mrgreen:
tout mes commentaires vont commencer a se ressembler mais tu a un sacré talent de conteur. http://WWW.arlequin-invertie.com
« cette nana de 50 balais avec ses lèvres collagénées et ses airs haussmanniens »
Description fulgurante et assassine… Bravo :rigole:
Moi ce qui me choque le plus, c’est que t’as un cousin qui veut se taper la baronne. Ca c’est grave, l’alcool n’excuse pas tout. :mrgreen:
Heu, c’est quoi « polysexuel » ? Bi ? Tri ? Plus ?
Thomas> Un peu tout et n’importe quoi… Concrètement mon cousin est un mec qui a « tout » essayé, et qui en vient à considérer son corps comme une vaste zone érogène d’expérimentation en tout genre. Pas un tabou, pas une retenue ou un dégoût. Juste une recherche de stimuli…
:rigole: PETE-DE-RIRE !!!!! :rigole:
Mon p’tit Matoo, il faut vraiment que j’arrête de te lire au boulot… Mon collègue va finir par me prendre pour un taré de glousser comme ça derrière mon écran!!!! J’imagine la conversation avec les deux butchettes et je ne peux m’empêcher de me rouler par terre!!!!!!!! Merci encore de nous prouver qu’au finish, la famille vaut son pesant d’or!!!!
Rigolamment,
Dragon.Jade ;-D
je rigole :lol: toute seule devant mon écran et mes collègues me demandent ce qui me fait rire dans les sites juridiques que je suis sensée consulter ! Tu es doué pour raconter les anecdotes qui font mouche. Lors de mes réunions familliales (dans le 95 également Montigny et Pontoise) j’ai toujous l’impression d’être une extra-terrestre en visite sur un monde lointain.:help: La prochaine fois je repenserai à ton post !
Quelque part je me sens rassuré, il existe aussi d’autre famille de barge. Mais nous on pousse le vice à se réunir tous les 15 aout depuis des lustres.
Dommage que je ne possède pas tes talents de conteur.
Heu, tu fais quoi le 15 aout ???
Trop drôle, on ne doit pas s’ennuyer tout les jours dans ta famille. :rigole:
Puisque on parle de qui on se tapperait bien dans l’emission nulissime de la vegas c ou quand et comme il veut :-)
Entre Zola et Eugène Sue… J’attends que tu nous écrive la chronique familiale du début du XXIe siècle :petard:
alors la je suis content d’avoir demenagé du 95 quand j’entend ca !!! j’ai echappe au pire… enfin j’espere…
« Et là que voulez-vous dire à quelqu’un qui pense que sous prétexte que vous êtes une tapette, vous allez bien vous entendre avec un couple de goudou !!! !!! Donc me voilà dans la maison avec deux butchettes du neufcinq qui tchatchent du prix des perceuses et du sac de ciment !! »
rha les raccourcis que tu me fais là !!! argh!!
J’me suis régalé ds ce grand-guignol banlieusard… on n’est pas loin des familles pied-noir :langue:
J’ai adoré les « airs haussmanniens » ! Une vraie trouvaille :cool:
Keep on writing…:book:
Voilà, c’est à cause de posts comme ça, où j’éclate de rire solitaire devant un écran où je suis censée bosser sur des trucs pas drôles, qui font sans doute que pas mal de gens me croient timbrée…
N’empèche que, mazeltov Matoo pour ce tableau de famille acerbe et incisif!
Ah, ah ! Le prix du sac de ciment ! :lol:
On a l’impression d’avoir passé la journée avec toi.
Eprouvant. Mais terriblement drôle.
Amazonea> Ah mais je ne faisais pas une métaphore !! On a VRAIMENT parlé du prix des perçeuses !! J’avoue j’ai rajouté le sac de ciment… hu hu hu. ;-) J’ai pas pu résister !!! Désolé.
Hello
J’allais aller me coucher et puis je me suis dit « Ah non, il faut que je me le fasse (le blog!)! Et vraiment je me suis régalée de ce récit comme hélas il n’y a pas QUE dans TA famille!!!LOL Euh sinon, on peut aussi prendre des photos???Lol Les invitations sont à retirer où????
Bizzz
Lady L:lol:
« collègues de boulot de ma cousine (qui bosse chez Castorama, on ne rit pas !) »
Pourquoi cette forme de honte concédée pour ce qui ne prête pas à rire ? L’humilité des conditions n’est pas une tare, mon Matoo. Inutile de forcer le trait… :roll:
Urobore> En fait, mais là j’aurais encore du plus réfléchir, quand j’écris Castorama, je pense à « Chez Casto y’a tout c’qui faut tralalilalalala » etc. et les pubs radios. Du coup, pour moi l’association était évidente, et rien d’écrire ça, ça me fait rire. Rhooooo ! DOnc rien à avoir avec une honte ou une moquerie sur le statut. :hum:
Tu es trop trop fort!!!!! J’étais Mort De Rire…. non vraiment bravo!!!
Et bien venu dans le club!!!! Mon pauvre Matoo….
:pompom:
Comment j’ai pu rater ce post, moi?
MORT-DE-RIRE!! :rigole: