Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.
Dans nos parcours de vie, on découvre des nouveaux trucs sexuels très régulièrement, que ce soit avec des partenaires, ou dans des représentations quelconques (mais souvent des films plus ou moins artisanaux). Et la découverte est parfois expérimentale mais la plupart du temps c’est une une simple prise de conscience, un « Oh bah merde alors, ce truc existe, *cela est* !!! ». Cette dernière peut être choquante pour certains, mais c’est vrai que je ne suis pas choqué par grand chose, parfois étonné, souvent amusé, quelque fois intrigué, rarement révulsé, tout le temps très très intéressé !!
Je vous ai conseillé sur la gorge profonde, je vous ai renseigné sur le moignoning, et j’ai proposé une semaine d’articles pédégogiques sur un site spécialisé de l’époque. Hu hu hu. Mais bon tout ça, c’était il y a vingt ans. A mesure que le blog devenait plus « fréquenté », ça devenait super difficile de parler aussi ouvertement de cul (évidemment le couple aussi limite l’exploration et les expériences empiriques, tout en étant un brin pudique laule), en tout cas quand comme moi on traite le sujet de manière aussi détendue du slip que la dernière Palme de Cannes ou un coucher de soleil en Bretagne. Car il faut rentrer dans des cases, et ne pas trop en sortir pour ne pas choquer-han1. Bon, vous noterez que je mets des petits trucs intermédiaires pour prévenir sur les liens olé olé hein.
Depuis j’ai reparlé de cul bien sûr, mais de manière plus subtile ou émaillée, ou comme récemment juste avec du texte, ce que je trouve encore plus vicieux et décalé dans nos Internets actuels. Hu hu hu. Car pas grand monde ne lit de textes, mais encore moins lorsque ça dépasse trois paragraphes. C’est sans doute le grand changement par rapport à la grande mode des blogs du début des années 2000, nous avions soif de nous lire et nous entre-dévorer les mots. Aujourd’hui écrire et être lu est finalement une activité très discrète. J’évoquais il y a quelques jours le fait que certains diaristes publient sur une toile parallèle (en utilisant le protocole Gemini), mais écrire comme cela est finalement une certaine garantie d’être lu uniquement par des alliés, et je brasse large dans mon acception du partisan moderne du blog : des gens qui savent lire et écrire.
Mais revenons à nos moutons, et laissez-moi vous conter des choses scabreuses, des trucs exhalant le stupre et la luxure, avec un brin de souffre.
J’avais déjà bien donné des explications détaillées sur les positions qu’on appelle plus couramment aujourd’hui celles de pénétrant et de pénétré, qu’on appelait avant avec des termes chargés de patriarcat (en français ou en anglais) : actif/top ou passif/bottom. Les termes parlent d’eux-mêmes, et dans mon expérience on rencontre à peu près la dynamique suivante : 40% versatile (pratique les deux), 25% seulement actif, 25% seulement passif et 10% non pratiquant de la sodomie (le terme anglosaxon est side, il n’a pas de traduction officielle). Après vous avez, et on rencontre maintenant les nuances sur les applications de rencontre, bien sûr des préférences plus marquées avec des exceptions ou des rôles qui se décident selon la configuration du moment (et souvent la taille du sexe du partenaire), mais les versatiles rentrent dans cette grande case.
J’ai vraiment été surpris dans ma vie sexuelle de rencontrer donc une proportion non négligeable de gens : soit l’un soit l’autre. Parfois c’est vraiment « comme ça », mais souvent2 j’ai dénoté des clichés tout à fait ancrés dans nos mœurs et comportements. Je ne crois pas que ce soit critiquable, et en tout cas c’est souvent ce qu’on voit en représentation pornographique, car ce sont bien ces positions extrêmes et tranchées qui excitent et fournissent des matériaux de fantasme3. Mais cette polarisation des pratiques sexuelles va s’étendant vers des pratiques BDSM ou des paraphilies étonnantes, mais passionnantes, pour tout un chacun.
Car avec ce renforcement des « caractères », j’ai rencontré des actifs qui n’embrassent pas ou ne sucent pas, et aussi des passifs qui refusent qu’on touche leur sexe et qui ne visent que le plaisir anal, et rien que cela. Et ce sont ces derniers qui m’intéressent dans cet article et qui résonnent avec le mot du jour. Ces dernières années, et je suis épaté encore à mon âge de constater que, même si on n’a rien inventé en pratique sexuelle depuis les temps immémoriaux (je l’imagine en tout cas4), on recycle beaucoup, et on remet beaucoup à la mode des méthodes et des standards technologiques, on voit dans ce cadre un retour en force des cages de chasteté (mais pour du plaisir plus que de la punition quoi que
). Elles enferment donc les pénis dans une position flaccide pour une durée plus ou moins longue, et cela joue aussi sur la retenue et l’edging (le fait de se retenir de jouir le plus longtemps possible, tout en étant stimulé, puis de relâcher tout ça dans un bonheur décuplé), mais également sur une soumission quand c’est un tiers qui commande l’enfermement et la libération des membres contraints.
Nous sommes d’ailleurs en parallèle de cet Inktober with a keyboard, en plein Locktober également, qui consiste à conserver une cage de chasteté pendant tout le mois d’octobre, ou bien le plus longtemps possible. Bon, tout ça me parle dans le sens où je comprends le trip, et l’outillage est assez marrant. Après ça va un peu plus loin dans des vidéos (comme toujours) où la cage est vraiment portée pour souligner le caractère purement anal de la prestation, alors qu’habituellement dans les pornos, on a les deux interprètes qui éjaculent quels que soient leurs rôles. Quelques performers ont donc développé une certaine notoriété pour porter leur cage, et on voit cette tendance s’affirmer dans un plaisir vraiment uniquement anal et allant jusqu’à ne plus avoir d’éjaculation classique.
Mais voilà, le truc peut aller encore plus loin… Cela fait maintenant quelques années que je suis le mouvement « Nullo ». Nullo c’est pour « genital nullification » soit une « annihilation génitale ». Il s’agit concrètement de castration volontaire et d’eunuque nouvelle génération qui sont donc des hommes dépourvus de pénis et de testicules. Ils s’appellent aussi « smoothie5 » pour mettre en exergue le fait qu’ils n’ont plus de « bosse » mais que c’est tout lisse en bas de la ceinture. Il y a plus d’une raison ou d’un objectif pour qu’un homme devienne nullo. Certains hommes donc, dans cette poursuite ultime de ne plus avoir de rapport avec leur pénis et leurs testicules et de se concentrer sur le seul attribut « anal », décident d’aller jusqu’à cette castration complète. Certains ont plus l’air dans une quête de neutralité de genre, ce qui est une autre motivation, mais il me semble que la plupart le font dans une démarche ultime d’appropriation de leur corps, et donc de « séparation » de leur appareil génital.
Bon là du coup c’est considéré à la fois comme une paraphilie mais aussi comme une affection psychique, et c’est vrai que c’est assez difficile de positionner un curseur pareil, même si l’aspect volontaire et la détermination personnelle devraient être les seuls indicateurs (je me demande sincèrement). Il y a en tout cas une vraie importance dans la démarche, mais aussi dans la transformation de ces nullos6.
Ils exposent sur les réseaux sociaux (qui le permettent) leurs corps et c’est assez troublant, car, en effet, il n’y a « rien ». Un simple orifice pour uriner, le pubis plus ou moins poilu, et le vide intersidéral… Physiquement, cela reste vraiment des hommes en termes d’expression de genre, et ils ont les comportements sexuels identiques à ce que je peux voir des gars avec des cages. Mais voilà, c’est la cage de chasteté ultimissime, avec tout un comportement particulièrement soumis dans des rapports BDSM très intenses.
Evidemment le côté mutilation volontaire et irréversibilité posent question, mais aussi l’aspect santé avec le fait de ne plus vivre avec ses petites gonades, mais il y a sans doute des traitements hormonaux substitutifs pour cela (il existe des ablations de ce type suite à des cancers, donc ce n’est pas non plus une opération inédite). Le trouble en question est appelé syndrome skoptique, et c’est basé sur la secte des « scoptes » au 18e (mais encore vivace jusqu’au 20ème apparemment). Cette secte russe, qui appartenait à un mouvement religieux chrétien, se basait sur un retour aux racines de l’humanité. Ses adeptes étaient alors convaincus qu’Adam et Eve n’avaient pas d’organes reproducteurs avant le serpent et le péché originel, et que la mutilation pour hommes (pénectomie et orchidectomie) et femmes (mammectomie) étaient le moyen de recouvrer cette innocence des temps anciens.
- Contre-natur-haaaan. ↩︎
- Je fais exprès des généralités que j’assume, mais qui ne sont donc que mes élucubrations personnelles à ne pas prendre au pied de la lettre. ↩︎
- Modulo le retournement de situation qui propose littéralement une surprise qui ne manque souvent pas de sel. ↩︎
- Les puppies sont sans doute une catégorie à part d’ailleurs ! ↩︎
- Rien à voir avec les jus de fruits. Hu hu hu. ↩︎
- En français, forcément ça fait aussi « nulos » ce qui est phonétiquement péjoratif. ↩︎

Je suis sur le cul, parce que je découvre des choses que je n’imaginais pas. C’est fou comme tu auras contribué à mon appréhension et souvent ma compréhension de questions sexuelles qui m’étaient terriblement obscures !
Idem pour moi ! Quelle découverte ! Mais je persiste à croire qu il faut être un peu tordu …
Oui « tordu », mais tu sais c’est aussi ce que l’on dit de nous aujourd’hui juste pour être pédé. Donc il faut aussi relativiser nos propres jugements, et en tout cas ne pas en faire des jugements de valeur. Mais oui c’est compliqué de mettre un curseur ou de poser des limites, et tu sais qu’elles seront toujours mises conformément à ton propre cadre moral, et que ce n’est pas forcément juste. Donc si ça ne fait de mal à personne, ni à eux-mêmes, et si c’est une quête personnelle de bonheur. Bah c’est ok pour moi.
Oui tu as entièrement raison. Je partage tout à fait ton point de vue. Et tant que ça ne fait de mal à personne, ok.
Néanmoins, j ai beaucoup de mal à comprendre ce type d auto mutilation. Question de curseur comme tu dis.
Et attends, ce n’est pas fini !! Il reste encore plein de trucs à découvrir.
Fais nous découvrir !
J’ai comme le sentiment d’avoir raté ma vie…
Ah bah tu sais, il n’y a pas d’âge pour envisager l’anéantissement génital !!
Je découvre des choses… (J’ai pensé à toi, un peu, en allant voir « Swan Lake » à la Seine Musicale: il y a avait plein de couples d’hommes, dans la salle – et Jean-Paul Gaultier… Moi, je trouve les danseurs plus sexys quand ils sont en collants qu’avec ces costumes de cygne, mais chacun son truc.)
C’est très sympa Swan Lake, mais il ne faut vraiment pas le voir comme un ballet tradi sinon on peut être déçu par le manque de rigueur des danseurs. Et à vrai dire, je préfère aussi les ballets très académiques, mais je te conseille ardemment si cela repasse un jour le spectacle Tutu !!!
C’est rien de dire que je découvre (itou) des trucs (qui me dépassent)
Bleck
Je te rassure cela dépasse l’entendement de 99% des gens ! Donc rien de surprenant, après si ça fait plaisir à des gens.