Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.
C’est un vrai truc chez moi ce « je ne bois pas d’alcool », mais il est de plus en plus commun et donc de moins en moins ostracisant. Mais il l’a sacrément été par le passé, et reste encore aujourd’hui un marqueur social qui peut tendre à l’opprobre, ou au minimum à une certaine gêne, selon les contextes.
Au début ce n’est pas compliqué, je n’ai juste pas aimé le goût quand mes parents me faisaient boire une gorgée dans leur verre pour tester. Et donc je m’étais dit « mais ce n’est pas bon ! » et on me rétorquait « tu verras, ça changera avec le temps ». En réalité, je suis persuadé de deux autres facteurs pour ma sobriété que j’appelle souvent névrotique. D’abord il y a sans doute des exemples d’alcoolisme qui pour certains sont au contraire une filiation évidente et des travers héréditaires, et qui pour moi ont été autant de repoussoirs et d’épouvantails. Il y avait les exemples visibles et ceux racontés, celui des grands-parents que je n’ai pas connu par exemple. L’alcool n’a jamais eu une très bonne image, j’entendais plus les gens en parler comme une sorte de mal nécessaire pour faire société.
L’autre chose c’est vraiment mon caractère à la con ayant voulu à l’adolescence joué sur une singularité exacerbée. C’était un des nombreux maladroits déflecteurs à mon homosexualité évidemment, et cela consistait à être droit comme la justice quitte à frôler l’ascétisme, en mettant bien en exergue mon intégrité vis à vis d’autrui. Donc je devais être absolument irréprochable, pas de chapardage, pas de mensonge, pas de triche, pas de drogue ou d’alcool étaient donc des évidences. Et je sais que dire « Non, je ne prends pas de champagne », alors qu’adolescent on commençait à nous en proposer en famille, notamment dans les mariages, était à la fois un refus de boire, mais aussi de dire que j’étais plus vertueux qu’eux, les adultes.
Et je voyais bien les réactions contrastées entre le faux compliment « Oh mais tu as raison, c’est très mauvais de boire », les commentaires relativistes avec un peu d’espoir que je rejoigne le troupeau : « Et puis tu as bien le temps de t’y mettre, ah ah. Tu verras les pintes avec les potes bientôt », ou carrément déjà des reproches déguisés : « Ah bon c’est bizarre, tu ne veux pas essayer ? Tu ne veux pas trinquer avec nous, et faire comme tout le monde ? C’est sympa, tu verras, picoler en faisant la fête ! ».
C’était à peu près les mêmes qu’avec le fait que je poursuive des études. « Quoi à 20 ans, tu continues encore à être étudiant ? Mais pour quoi faire ? » En gros, à partir d’un certain âge, on a considéré que je faisais mon intéressant. Et ce n’était pas faux, je le reconnais. Mais c’était encore une fois principalement pour mieux cacher mon homosexualité avec « autre chose ». Et donc avec toutes ces névroses et ces stratagèmes, j’ai fait des études, et je n’ai jamais bu d’alcool ou consommer de drogues. Ce qu’on appelle couramment des « qualités » (qui n’en sont vraiment pas hein) ne sont pour moi que des effets de bord d’une dissimulation névrotique.
(Hu hu hu.)
Et comme j’étais parti comme ça, bah j’ai continué. Et plus je continuais, plus je me disais que je ne pouvais tout de même pas me mettre à me bourrer la gueule à cet âge là, que j’avais raté le coche et que tant pis, je continuerai sans. Dans le fond, en revanche, je le sens bien, il y avait tout de même toujours cette ombre transgénérationnelle d’alcooliques et de junkies en tout genre qui planait. J’en avais peur, et j’en ai toujours peur, ou en tout cas j’ai toujours ces mêmes images qui sont en filigranes des fêtes où je vais, des apéros un peu trop arrosés ou des retours de soirées à marcher ou conduire pas droit (je préfère conduire du coup hein
).
Après j’ai des exemples parfaitement équilibrés et tempérés de gens qui profitent des joies de l’alcool, sans trop grosse dépendance, et avec un bilan vraiment positif. Et là je sais, que je rate un truc. Mais tant pis, ça reste ma singularité !
Le truc c’est que j’ai beaucoup fait la fête dans ma vie, j’ai passé entre 20 et 30 ans notamment, un temps fou au Queen et au Scorp’, à la Scream ou aux Follivores. Bref j’étais un pédé parisien narmol de la fin des années 90 aux années 2000 qui aimait remuer son popotin avec ses copaines sur les dancefloors. J’ai aussi pas mal fréquenté entre 95 et 99, les free parties techno dans les forêts de banlieue parisienne. Et tout cela dans ma parfaite sobriété, et j’ai donc eu le bonheur extraordinaire de vivre tous ces moments sans distorsion de temps, d’émotions ou des sens. J’ai beaucoup expliqué à mes amis ce qu’ils avaient fait comme frasques, je les ai aussi beaucoup conduit au petit matin en toute sécurité.
Bon j’ai aussi beaucoup nettoyé de vomis et pris soin de dizaines de copains et copines qui étaient malades et qui vraiment faisaient mal au cœur à voir de souffrances, néanmoins renouvelées tous les week-ends.
Mon seul regret, c’est de n’avoir jamais pu utiliser le fait d’être bourré pour draguer sans vergogne qui me plaisait, soit par désinhibition réelle ou parfaitement simulée. Cela vraiment, c’était mon vrai regret quand je voyais tous ces gens qui s’emballaient en fin de soirée, ou qui finissaient par se choper entre deux voitures dans la rue, ou même comme mon mari qui a ainsi niqué un mec entre eux colonnes du Palais Royal (on n’était pas ensemble hein, c’était le temps de sa folle jeunesse, tumultueuse et arrosée, au Club 18).

On va fonder un club : le JSMJBP…
(Je Suce Mais Je Bois Pas)
AH ÇA C’EST SÛR !
Draguer bourré, pas sûr qu’il faille que tu regrettes
On regrette toujours ce qu’on ne connaît pas.
Une fois de plus, je sais pourquoi on dit : Matoo, président !!!
Oooh toi alors !!!
Pour n’en rester que dans l’alimentaire… ce qui me surprend toujours un chouia c’est le côté absolu de certains pour la chose, dans mon entourage immédiat je peux compter : je ne mange aucun fromage/je ne mange aucun produit de la mer/jamais de café/je ne mange aucun enfant d’animaux (???) /je ne mange pas de céleri/de choux de Bruxelles/de frites je ne mange pas de boeuf/jamais de lait… et je passe le degré de cuisson de ladite viande, du poisson etc… sans compter un copain végé et une copine zéro alcool tout comme toi.
Gérer une invite peut devenir assez facilement délicat… je dirais sans te flatter que le plus simple c’est la zéro alcool.
Bleck
Ah mais je suis PETIT JOUEUR à côté de toi alors, en effet !!! Je m’incline platement, et ne souhaite jamais t’inviter à dîner.
En revanche, j’adore manger végan, alors on pourra peut-être se trouver un resto !!
Je te lisais et je me retrouvais dans cette jeunesse sobre qui sort de l’ordinaire à cet âge où boire de l’alcool passe pour un rite de passage. C’est peut-être parce que j’ai évité ces années de beuveries que je demeure un buveur très occasionnel qui se contente d’un verre de vin avec un repas… pour la saveur. Je n’aime vraiment pas l’effet de l’alcool.
J’aurais bien aimé arriver à ce point, mais vraiment le goût ne passe pas.
Pas d’alcool pour moi non plus, sauf le fond de coupe de champagne au Nouvel An et à Noël. Et je me souviens avoir eu un mal de chien à expliquer à un ancien proviseur que non, ça ne servait à rien d’essayer de me faire goûter, je n’aime pas ça. (La dépendance de mon ex-mari pour cette drogue légale n’a pas du tout arrangé mon dégoût pour la boisson.)
Moi même pas ça du coup, mais je te rassure mon père m’en fait la proposition TOUS LES ANS.
La névrose familiale, la crainte d’être « atteinte » je connais. Petite je me disais « jamais ça »..souvenir d’avoir vidé un (gros) reste de bouteille dans l’évier, enfant ou ado..beurk. Finalement j’ai testé au début de mes études, pour savoir et éventuellement me faire aider (!). J’ai aimé le côté euphorisant et le fait de ne pas ressentir le besoin d’y retourner. Par contre, à cause de mon histoire familiale (alcoolisme + sujet tabou), je n’aime pas trop l' »alcoolisme convivial » qui pousse des gens potentiellement fragiles à boire. J’avoue avoir utilisé le prétexte de ma « coincitude » pour refuser des verres mais AUSSI celui de l’alcool pour draguer OU rembarrer! Maintenant, depuis la naissance de mes enfants en 2007, je suis plus sensible aux effets donc la modération se fait d’elle même, envie de se faire plaisir oui, mais pas plus. En ce qui concerne le végétalisme, ça me convient très bien, quand je suis seule je mange vegan presque naturellement..
Ce qui me choque le plus moi c’est la décomplexion totale sur ce qui est une drogue comme une autre, et de ne pas l’assumer, même pour ses aspects parfaitement récréatifs et sociaux. Il y a vraiment la drogue acceptable en société, l’alcool avec « modération » donc, et tous les autres trucs absolument pas avouables. C’est tellement hypocrite.