MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Iwak #22 – Camp

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.

J’ai souri en voyant hier chez Estèf son anticipation grave du mot du jour1, alors que moi tout de suite je pense : GAY KITSCH CAMP2 ! Et le « camp », j’en ai entendu parler la première fois quand j’étais à Newcastle pour mes études en 1996. Je me souviens bien avoir vu cette expression (j’avais vu ça sur un flyer ou un petit livret au Tyneside Cinéma) et avoir eu du mal à la comprendre, et obtenir une explication de Brian à ce sujet3.

Le vocable fait aussi parti de notre langue, et il en a peut-être l’origine :

Le camp, terme anglais probablement tiré du français « se camper » (« prendre la pose »), est utilisé par les historiens de l’art et les critiques culturels pour décrire à la fois un style, une forme d’expression. L’esthétique camp joue sur l’exagération, le grotesque, la provocation et l’ironie et émerge comme une forme de sensibilité importante dans la culture des années 1960. Le style camp est aussi décrit comme un regard propre à la sous-culture gay masculine, et queer en général.

Page wikipédia pour Camp (style)

Et il se trouve qu’hier un de mes vidéastes préférés des Internets : *Very* Nasty Stories, aka Max, a sorti une superbe vidéo à propos du Camp et du Polari. C’est un créateur génial selon moi qui publie des vidéos très intéressantes, fouillées et documentées sur les films d’exploitation (de la série B, de l’horreur, du cul, des petits budgets mais aussi des trucs arty tout à fait cultes et au ton ou à la liberté totale) et leurs lectures queer plus ou moins crypto. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, et vraiment il excelle à vulgariser et donner des tas de codes sur ces sous-cultures.

Je vous laisse le découvrir dans la vidéo suivante sur ce passionnant sujet donc !

Et en plus, il est super mignon pour ne rien gâcher. La vidéo d’origine est bien sûr visible sur son post chez IG.

Le Polari c’est donc une sorte de Lingua Franca ou de Pidgin : Le polari (de l’italien : parlare, aussi orthographié palarie, palare ou parlary) est un argot ou un sociolecte parlé en Angleterre par des populations diverses généralement en marge de la société : hommes et femmes de spectacle, marins, homosexuels, etc. Et donc cela permettait d’échanger à mots codés et de se repérer. On retrouve finalement des stratégies différentes mais similaires aujourd’hui lorsqu’on détecte des signes plus ou moins subtils chez nos coreligionnaires (un pantalon aussi moule-burnes c’est pas un hétéro ça ma fille !!).

Ce qui est étonnant et qu’on pourrait aussi nous appliquer aujourd’hui, c’est que le Polari a été révélé au grand public lors d’une émission de la BBC dans les années 60 avec le grand succès de Round the Horne qui présentait un duo cryptopédale : Julian et Sandy (interprétés par Kenneth Williams et Hugh Paddick qui jouaient les folles hurlantes « camp »). Et dès lors que les expressions sont devenues « mainstream » (et que l’homosexualité a été dépénalisée), la langue est largement tombée en désuétude. Si vous voulez jeter un coup d’œil, voilà un dictionnaire. ^^

Cela me rappelle un peu la vague « Drag Queen » qui a commencé avec RuPaul Drag Race en 2009, je touitais tout seul à ce propos à l’époque, et je me moquais du recyclage du « Sachez Chanter » du tube de RuPaul de 1993 Supermodel (You Better Work)4.

A cette époque, et jusqu’en 2014 (la saison 6 a vraiment changé la donne), on était vraiment quelques furieuses à connaître et suivre les saisons. Et quand on croisait des congénères converties, on pouvait en parler et on était clairement incompréhensible pour les non-initiés. Après, la saison 6 et Bianca del Rio, à peu près tous les gays ont commencé à regarder en masse, et c’est presque devenu un langage queer commun, en plus de la réémergence des créatures dans les bars gays (car le tout premier mouvement date bien du milieu des années 90, on avait eu le groupe « Sister Queen » en 1995 avec le tube « Let me be a Drag Queen »).

Mais depuis 2022, on a une arrivée en France de manière très populaire, car à la télévision, et ça change tout. Les drags et tout le vocabulaire qui va avec ne sont plus l’apanage de quelques-uns (ce qui n’enlève rien bien sûr au bienfondé du mouvement ou de la tendance). Cela retire juste le côté crypto et signe de ralliement, même s’il est tout de même aujourd’hui le signe d’une personne alliée, et ce n’est pas rien.

Bon j’ai bien divergé, mais retenez que le compte de Max est à suivre avec des tas d’anecdotes très peu connues (de moi) et vraiment passionnantes !!

  1. « Camp à venir. Quel mot terrible. » chez Estèf. ↩︎
  2. C’est une maison d’édition créée par Patrick Cardon en 1987. ↩︎
  3. Il m’avait déjà expliqué l’expression « friend of Dorothy » pour dire pédé, en référence à Judy Garland. ↩︎
  4. Enfin pour moi, ça a toujours été ça depuis les années 90, donc un truc en français. Mais je suis en train de voir dans les paroles officielles que c’est bien « sashay shantay » donc je suis circonspect maintenant. ^^ ↩︎

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