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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

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Internet génère des pages et des pages de texte tous les jours, et tous les jours cette gigantesque infrastructure rend disponible à tous une information de plus en plus dense et abondante. Dans le passé et depuis les débuts de l’écriture où même de la simple représentation picturale, les hommes ont laissé des traces qui transmettent le savoir aux générations suivantes. Et nous étudions ces traces, ces textes, ces informations, nous y puisons les sources de notre propre savoir, et construisons sur ces fondations de nouvelles voies de connaissance. Aujourd’hui, on étudie aussi bien les peintures rupestres que les textes antiques, aussi bien les tablettes de Sumer que des manuscrits médiévaux. L’histoire et le temps complètement ont perdu une énorme part de l’information disponible aux époques données, ajoutons à cela l’incompréhension des textes, la nécessaire recherche du contexte pour les comprendre et les interpréter et on saisit bien la difficulté de la pérennisation de la connaissance.

Alors je me demande ce que le futur nous réserve, aussi bien sur le fond (que deviendront nos pages actuelles) que la forme (est-ce que le support virtuel est aujourd’hui plus fiable que le papier ou la roche). L’influence des blogs par leur production intensive de contenu devient un référent significatif dans tous les moteurs de recherche (plus ou moins pertinent d’ailleurs puisque soumis à subjectivité de son auteur), mais c’est aussi une source d’information croissante pour les psychologues ou sociologues qui voudraient décrypter une époque, des moeurs, un contexte historique ou social. Est-ce que les sociologues du futur utiliseront les blogs pour faire de la recherche fondamentale ?

Certains sites sont déjà morts et enterrés, ils ont disparus du net, et sont inaccessibles. Pourtant il existe déjà des sites qui archivent et conservent des téraoctets et téraoctets de données qui resterons disponibles ad vitam aeternam. J’ai été par exemple membre du site Yarps il y a quelques années, ce même site a fermé ses portes et on a perdu les contenus des forums. Ces forums étaient de petits morceaux de vie, des après-midi et des soirées passées à converser et à déconner (ou pas). Bien sûr, il ne s’agit pas d’éléments cruciaux pour l’humanité (non vraiment pas !) mais plutôt de retranscriptions de conversations dans un certain contexte (psycho, socio, affectif, sexuel etc.). Et il y a quelques mois, un pote a retrouvé la trace de tous nos échanges, de nos pages de profils et des fameux forums en ligne sur un de ses sites « aspirateurs » de données. C’est en relisant tout cela, que je me suis rendu compte de l’importance que pouvait revêtir à mes yeux une chose aussi évanescente que ces pages web. On y relisait de vieilles engueulades et rancoeurs, des discussions enflammées sur des sujets divers (de la coucherie de base à des événements politiques), qui finalement pourraient avoir beaucoup de valeur pour des sociologues ou historiens des temps futurs (et de la cause gay, arf).

Et puis si on se projette un peu, allez deux cents, trois cents ans… On peut considérer que le réseau d’information, au moins dans son concept, restera un axe important du développement de notre pauvre civilisation. Alors où iront donc nos pages ? Peut-être serons-nous simplement passés à la trappe pour gagner un peu d’espace disque ? Mais il est possible que nous soyons encore présents dans les méandres du web, et que des équipes de cyberarchéologues spécialisés soient là pour faire des fouilles sur la toile. Bien sûr, on peut aussi penser que la myriade de bouquins écrits sur nos sociétés seront encore valides et consultés, mais on sait bien que ça ne remplace pas la recherche fondée sur des documents bruts et replacés dans un nouveau contexte avec un référentiel et une conjoncture à jour. Et d’un point de vue plus décalé, est-ce que les enfants de nos enfants (etc) auront le loisir de lire nos conneries d’ado blogueurs ? J’ai un pote qui a retrouvé comme ça, le journal intime de son arrière-grand-mère et qui a découvert comme ça qui était cette personne si proche de lui, qu’il ne connaissait pourtant pas.

Finalement cette virtualisation de l’information est peut-être le phénomène le plus hasardeux pour notre monde, en effet elle est à la merci des machines et de leurs défaillances, comme les bouquins sont à la merci des intempéries ou les pierres de la corrosion. On se rend compte que plus les temps avancent et plus la production d’écrits s’intensifient, mais sur des supports de plus en plus putrescibles.

Il y a aussi un autre facteur négatif à ce flot ininterrompu, en effet, le foisonnement d’information devient aussi un danger pour la connaissance et sa fiabilité. Il suffit de juger du nombre ahurissant de fautes d’orthographe ou bien d’inepties qui émaillent la toile (je dois d’ailleurs apporter un tribut certain dans ce domaine). Alors je ne sais pas ce que tout cet embrouillamini va devenir, mais je fais régulièrement des sauvegardes de ma base mySQL, parce que hein… on sait jamais !?

  • C’est une superbe analyse sur la pérennité des écrits et les fondements même de la recherche historique! Tu as raison de t’interroger sur la solidité des supports numériques utilisés pour publier des données. En effet, même les cd-roms ne sont apparemment pas fait pour être éternels (c’est de l’ordre du siècle non ?). Plus solides que le papier, moins que la pierre. Finalement, question durée, la pierre et le burin n’ont rien à envier à nos techniques modernes (si ce n’est la capacité, la compacité et l’ergonomie). Ce n’est pas sans rappeler le jeu allégorique de ciseau, du papier et du caillou !
    Ton billet pose également la question des traces laissées. L’historien, le sociologue ou le psychologue y trouveront de la matière, l’organe de contrôle d’un Etat policier un instrument de choix…
    PS : une anecdote similaire m’est arrivée. J’avais publié quelques délires d’étudiant sur une page perso (à mon nom) que je me suis empressé de virer dès lors que j’ai commencé à bosser (c’est que c’était du sérieux… l’image, l’image…) Hélas les aspirateurs que tu mentionnes en avaient gardé la trace. Dure réalité à assumer devant des gamins de 3e hilares qui s’étaient bien évidemment refilés l’url!

  • Ou seront nos pages web? Elles ne seront plus sur un serveur distant mais sur ton PC et celui-ci sera accédé directement par tes visiteurs sur un Internet Distribué à la P2P.

    Enfin c ma prédiction à moua que j’ai et c’est sur ça que je travaille maintenant (entre autre) …

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