Il n’y a qu’un seul bouquin de SF dans mon « panthéon », et il est de Clifford D. Simak. J’essaie de lire tout ce qu’il a écrit au fur et à mesure de mes lectures… j’arriverai bien au bout un jour ! Clifford D. Simak est reconnaissable à son style évidemment, mais surtout à ses thématiques et à ses thèses philosophiques qui émaillent régulièrement ses romans. Il représente pour moi cette littérature américaine de SF des années 50 qui me plait tant. Il ne s’agit pas tant d’imaginer le monde futur en terme de sciences ou de bouleversements technologiques, mais plutôt de mettre en place des univers sociaux, politiques et économiques complètement différents des nôtres, ou du moins qui sont des prétextes pour finalement évoquer l’Homme (celui avec un grand H !). Alors les visions futuristes ne sont que des vecteurs d’une histoire qui évoque plutôt des mondes qui nous font réfléchir à notre condition actuelle, et à notre potentiel devenir.
« Dans le torrent des siècles » a été publié en 1951, et comme d’habitude il est assez cocasse de lire l’imagination d’un avenir lointain par un auteur de SF des années 50. L’histoire se situe en 7990, et elle évoque l’écriture d’un livre (écrit sur des feuilles avec un stylo !) ! Un livre ?!! De même qu’il n’y a pas un ordinateur dans l’affaire… hé hé. Quand un type veut une information, il appelle (avec un vidéophone tout de même) un robot qui répond oralement à ses questions encyclopédiques. Et puis à un moment, un mec perd les clefs de la portière de son vaisseau… ah oui évidemment ! Hu hu. Mais toutes ces petites coquilles désuètes n’entament absolument pas la grande qualité de l’ouvrage. Car on retrouve la plume de Simak, son amour de la nature et du retour aux sources, ainsi que son attachement à certaines valeurs. Et le roman tient surtout en haleine par un scénario palpitant et à l’action soutenue.
J’ai été étonné de piocher à droite ou à gauche un nombre incroyable de références (futures) à des livres ou films que j’ai lus ou vus. Certains éléments font vraiment penser à « Star Wars », à « la fin de l’éternité » d’Asimov, à « Total Recall », à « Dune » ou bien encore à un autre livre de Simak.
Nous sommes donc en 7990, et Asher Sutton revient d’une mission périlleuse sur « 61 du Cygne » au bout de 20 ans ! Tout le monde le croyait mort, puisqu’il est impossible de s’approcher de cette étoile, étrangement verrouillée par on ne sait quoi. Mais Asher revient, et il a considérablement changé. Alors que la Terre est devenue le centre d’un immense Empire Galactique dirigé d’une main de fer par les hommes, des androïdes sont industriellement créés pour devenir des sortes d’esclave des humains et fournir de la main d’oeuvre ou des colons. Ils sont identiques aux hommes, à la différence près qu’ils sont stériles. Asher se retrouve au centre d’une guerre interstellaire pour un livre qu’il va écrire dans un futur incertain, et qui va changer la face de l’univers, une oeuvre à la philosophie révolutionnaire, un bouquin qui risque de modifier les paradigmes humains pour toujours. Mais c’est avant tout une guerre qui se joue dans le temps.
Malgré tout le bien que j’en dis, il faut tout de même relativiser cela. Le propos sur le temps est pas mal du tout, mais il n’arrive pas à la perfection théorique (illusoire certes, mais belle !) d’un Asimov. Et la fin est un peu brouillonne, on se demande même s’il savait vraiment comment terminer son bouquin. Surtout que ce roman est particulièrement long par rapport aux autres, et que j’ai adoré me plonger dans ces intrigues temporelles et spatiales, ainsi que dans ces inégalités androïdes/hommes et dans cette philosophie/destinée qui est un tel caillou dans la mare pour l’humanité. On se dit que le roman pourrait encore rebondir, expliquer et continuer sur sa lancée, et il se termine un trop abruptement à mon goût.
Par contre, on lit avec bonheur ses descriptions poétiques et bucoliques de la nature, et des liens affectifs entre les hommes, que ce soit amoureux, amical ou filial. Et son histoire de lutte dans les « couloirs du temps » arrive à donner un agréable vertige à ce roman, avec en plus cette pincée philosophique dont la portée reste encore mystérieuse dans les ultimes paragraphes.
bien d’accord avec ta panthéonisation de ce bouquin. j’ajouterais « demain les chiens » et plein de bouquins de fantasy … que tu n’aimes pas ;)
et moi j’ajoute Hyperion de Dan Simmons! ;P
Il y a un autre bouquin de Simak à lire absolument, c’est « Le Pêcheur »,
dans lequel un explorateur psy est ‘contaminé’ par l’esprit d’un extra-terrestre appelé ‘Pinkness’
et devient l’homme à abattre pour une certaine humanité réactionnaire.
Le roman fait un parallèle avec les chasses aux sorcières et aux loups-garous, mais le propos est beaucoup plus général.
Ecrit en 1961, il était difficile de faire plus explicite dans la défense du droit à la différence.
Wam> Mais celui qui est dans le panthéon c’est justement « Demain les chiens » ! :-)
Zen> Assurément mon second roman préféré de Simak !! (lu avant la période « blog ») :book:
Je viens juste de le re-re-re-re-relire et je plussune gaiement !
A l’air sympa ce ptit blog…
je viens de finir demain les chiens, et sans vouloir déflorer tout asimov on retrouve certains points communs entre Jenkins et R. Daneel Olivaw, tu trouves pas? En fouillant un peu je me rends compte que les deux auteurs ont publié tous les deux à la même époque. Voire que la fin de la publication de la série fondation est largement postérieure à la publication de demain les chiens. Suis-je folle où ai-je trouvé la trace de l’inspiration d’Isaac?