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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Quartett

Alors ça c’est du théâtre comme je n’en avais jamais vu… Mais est-ce que c’était bien du théâtre en définitive. Des comédiens, des décors, des dialogues, des monologues, une mise en scène, mais aussi de la musique et une sorte de chorégraphie, ou bien une maîtrise de l’espace scénique et de la position des acteurs absolument épatante. Donc oui, on peut appeler ça du théâtre, mais c’est avant tout une expérience, presque une performance artistique ! « Quartett » au théâtre de l’Odéon !

Il s’agit d’une pièce Heiner Müller, mise en scène par Bob Wilson, et je sais maintenant qu’ils sont super connus, mais moi je ne les connaissais vraiment pas (bah oui !). Le texte est adapté des « Liaisons dangereuses », et on retrouve Isabelle Huppert dans un rôle de choix, puisque c’est celui de la Marquise de Merteuil. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une banale histoire racontée à la sauce contemporaine… Oooh non. Les comédiens jouent plusieurs rôles, on sent que la manière de jouer et de bouger est totalement sous contrôle, et fait entièrement parti du procédé créatif du metteur en scène.

J’ai beaucoup aimé à certains égards. Déjà il y a la beauté formelle du spectacle, ça c’est un truc de dingue. J’appelle cela vraiment spectacle car Bob Wilson fait appel à toutes les ficelles pour mettre en mouvements et en émotions la pièce : les formes, les couleurs, les gestes, les éléments de décor, les positions des corps etc. Tout contribue à évoquer, émouvoir, troubler, fasciner, éblouir ou renfrogner. De ce point de vue, je ne me suis pas du tout ennuyé, et j’ai été maintes fois stupéfait de la simple beauté de ce que j’avais sous les yeux. Chaque plan (il y a un côté terriblement cinématographique dans cette mise en scène) est un tableau à lui seul, avec des personnages dans des postures, attitudes et couleurs qui ne sont pas anodines. Et leurs mouvements, leurs jeux, leurs dictions sont autant de chorégraphies qui nous entraînent dans un spectacle assurément unique et singulier.

Par contre, et c’est là où le bât blesse pour moi, le jeu des comédiens est tellement décalé (mais très bon, de ce que j’ai pu en juger), et le décor, les joutes scéniques tellement présents et donc la mise en scène à telle point verrouillée, que le texte vient presque comme un ajout sympathique à l’ensemble. Ils auraient pu se dire carrément autre chose que je crois que ça ne m’aurait pas plus dérangé que cela. La mise en scène au théâtre sert-elle un texte avant toute chose ? Eh bien là, on ne peut pas dire que ce soit l’intérêt premier du spectacle (pour moi). D’autant plus que si l’on ne connaît pas l’histoire avant (mais qui ne la connaît pas ?), ce n’est pas la peine de se mettre les méninges en ébullition, on ne la comprendra pas vraiment pendant la pièce.

Je n’ai pas été choqué par la forme très contemporaine donc, tant dans la mise en scène que la curieuse diction et déformation des stances, mais du coup je me demande jusqu’à quel point je suis passé à côté de l’intérêt même du texte. A mon avis, jusqu’à un point d’une haute altitude !! Mais j’ai vraiment accroché… bizzare !

L’avis des copines : Niklas, Oli, Patapouf, Norman.

Quartett - Théâtre de L'Odéon

  • Ah ! Robert Wilson ! (ouais, il n’aime pas que l’on dise « bob ») La première fois qu’on en voit, on est ébloui. Et puis après, on se rend compte que ça tourne en rond, et on s’y ennuie. A la fin, il énerve, comme cette Temptation of Saint Anthony à Garnier il y a deux ans, où on voyait très bien que ce monsieur ne sait pas écouter la musique. Et en plus, c’est l’artiste le plus insupportable avec lequel il m’a été donné de travailler (euh, j’ai pas été jusqu’à Long Island, quand même ! Mais là-bas, ils s’éclatent grave)…
    Par contre, tu ne dis rien sur l’homme de la pièce, alors que c’est lui le rôle principal, la déchéance suprême, la morbidezze absolue (inoubliable Niels Arestrup à l’Athénée il y a quelques années).
    Toutes les réécritures de Müller sont fascinantes… Comme sa Médée par exemple…

  • Il faut lire les textes de Heiner Mûller (je recommande, pour des raisons toutes personnelles « Hamlet machine ». Quant à Bob Wilson, la seule mise en scène que j’ai vue de lui très belle, ne m’a procuré aucune émotion. J’attends de voir ceque ça donne avec HM si ça passe encore lorsque je reviens à paris. Tu m’as donné envie de le voir.

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