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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

« Lucia di Lammermoor » de Donizetti à l’Opéra Bastille

Ah je l’attendais de pied ferme celui-ci, et je n’ai pas été déçu. C’était absolument génial ! Enfin, pour être honnête c’était vocalement un bonheur, mais la mise en scène ne m’a pas emballé plus que cela. Disons qu’elle ôte plus de « crédibilité » qu’elle n’offre de qualités en compensation, malgré une grande originalité et de l’invention.

Et puis évidemment, il fallait aller admirer Natalie Dessay sur scène en Lucia, et en effet ça valait le coup. Mais j’ai été vraiment marqué par les deux types qui étaient à ses côtés pour les deux rôles principaux : Ludovic Tézier (Enrico) et Matthew Polenzani (Edgardo). Ils ont été vraiment irréprochables, et ainsi ont tous offert un spectacle d’une grande qualité.

La dernière fois, il s’agissait de l’Elixir l’Amour qui est aussi de Donizetti mais qui avait une trame beaucoup plus légère, et un happy end des plus optimistes. Alors que là évidemment, on est dans un registre bien plus dramatique et fatidique. Lucia tombe amoureuse de l’ennemi juré (Edgardo) de son frère (Enrico). Et ce dernier décide de la marier à un allié dans le cadre d’une union purement politique et arrangée (et aussi pour se venger d’Edgardo). Inutile de vous dire que la Lucia ne vit pas très bien ce mariage forcé, et que tout se termine très mal, dans les larmes, les cris, le sang et la folie.

Encore une fois, un sans faute pour les performances vocales autant sur le fond que sur la forme, c’était fabuleux (sauf pour un chanteur, un ieuve qu’on n’entendait pas, mais un rôle mineur). Concernant la mise en scène et le décor, disons que c’est un peu surprenant dans la première partie, et qu’à la fin c’est moins choquant. Il s’agit d’un lieu qui ressemble à une caserne avec un tas de danseurs et de figurants qui sont là pour bouger dans tous les sens et faire du sport, des galipettes et des acrobaties. Curieux… D’autant plus que des cordes descendent des plafonds, et que des ponts-levis télescopiques traversent la scène.

Les chanteurs, mais surtout Natalie Dessay, nous font un véritable parcours du combattant, et chantent dans toutes les positions et les altitudes. Cela ne trouble pas vraiment le déroulé de l’histoire, mais fait un peu « surenchère ». Le point positif est qu’on comprend bien que l’on est au moment de la « rupture » et que le personnage est en déséquilibre à la fois dans son attitude et dans l’intrigue. On sent que tout peut basculer d’un moment à l’autre. Mais le négatif (qui l’emporte à mon avis) c’est que c’est tout simplement drôle à plusieurs reprises de les voir sautiller et chanter dans un équilibre précaire, ce qui gâche un peu la tension dramatique de certains instants. Ce décor gothique choque moins dans la seconde partie (où les treillis métalliques sont repliés et forment un ensemble un peu chaotique) où finalement il met en exergue la folie du personnage avec une belle efficacité.

Cette fois je m’étais payé une bonne place (110 euros, aïe !), mais cela les valait largement pour la manière dont j’ai pu profiter de ce spectacle de tout premier ordre. Dessay surtout m’a impressionné par cette manière qu’elle a de se donner au public. Il y a une générosité et une passion dans sa voix qui m’impressionnent, et cette puissance qui émane de ce bout de femme est fascinante. Et dire qu’elle fait cela tous les soirs, alors qu’on a l’impression qu’elle se donne exceptionnellement toute entière à nous. Elle termine certains airs avec un panache qui a mis les spectateurs dans tous leurs états, et sous un tonnerre d’applaudissements mérités.

L’avis des copines : Kozlika, Kozlika bis, Zvezdo et Véhesse.

« Lucia di Lammermoor » de Donizetti à l'Opéra Bastille

  • « c’est que c’est tout simplement drôle » : moi ça ne m’a pas fait rire, ça m’a plutôt fait peur. (Comment écouter quand on pense « tombera, tombera pas? »)
    Mais tu as raison, ça s’arrange (un peu) ensuite, la mise en scène fait comprendre d’elle-même la folie, et cela, c’est admirable.

  • Quelle efficacité, à peine rentré et déjà le billet !
    C’est vrai que certain(e) donnent cette impression : de tout donner à chaque fois. Je me demande toujours où il vont chercher l’énergie. Rien que pour ça j’ai du regret de ne pas y aller.

    Au printemps j’avais vu un Simon Boccanegra dont la mise en scène ou plutôt les décors m’avaient vraiment gênée : trop de luo de scintillements, de lumières éblouissantes, je me souviens d’avoir vu mon plaisir du champ gâté par le regard que j’étais obligée de détourner.

    Je ne suis pas contre l’innovation, mais qu’elle ne vienne pas gâcher le plaisir de savourer les voix !

  • Superbe critique (la mienne demain !!!), même si tu omets deux éléments de poids :
    – la présence dans le public de Fanny Ardant dans une superbe robe noire très classe
    – Ton voisin de droite, charmant et de bonne compagnie (forcément, c’était moi !) :langue:

  • Arf, t’as été plus rapide que moi :'(.

    Sinon, tout à fait d’accord avec ta critique, je n’ai pas fait mention du côté allégorique du décor dans la mienne, tellement calamiteux, que ça m’a limite échappé (c’est tellement gros, qu’on ne le voit plus, du moins en ce qui me concerne…). Limite faudrait nous virer tout ça et ne mettre que Lucia, enfin, Natalie, straight to the point, quoi ^^.

  • cette soirée fut vraiment magique, bonheur de la beauté et de l’homogénéité des voix, bonheur d’une direction musicale présente et valorisante – car il est facile de se louper grave avec ce genre de musique – j’ai retrouvé la quakité d’émotion que j’avais ressenti a bruxelles quant Mortier s’occupait de la Monnaie avec Cambrelin. ET CERISE sur le gateau, j’ai pu apercevoir – live si si – le Matoo alors qu’il franchissait les portes de cette maison; nos chemins bifurquèrent, j’etais tout en haut!!!!

  • j’ai 13 ans et depuis que je connait cette femme je me suis transformée: j’ai apris que si je voulais faire du chant mon metier il faut beaucoup de perseverence, de traivail bien sur, de passion, etre modeste, dynamique… et surtout qu’il faut toujours y croir et ne jamais renoncer et toujours faire le mieu de soi meme. je me dis peut-etre qu’un jour je serais a sa place, que j’aurais reussi a atteindre mon reve! celui de devenir chanteurse d’opera ! dans quelques mois je vais monté sur la scene de l’opera bastille dans un choeur et je crois que ce moment sera inoubliable!
    Natalie jtm:love:

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