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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La Nuit de l’oracle

Je suis fan de Paul Auster depuis presque 10 ans, et je ne rate donc pas un bouquin de lui. J’aime son univers, ses fables philosophiques, son surréalisme, ses délires fantasques et fantasmagoriques, ses dédoublements de personnalité, ses personnages, son écriture si simple et pénétrante. Enfin, j’adore quoi ! Bizarrement, le bouquin que je préfère de lui n’est pas celui qui a rapporté le plus de prix, ou bien que les gens citent en général, il s’agit du « Voyage d’Anna Blume » qui est un des bouquins que j’ai lu le plus de fois.

Paul Auster adore les intrigues avec des mises en abîme successives qui finissent par perdre le lecteur. Ce roman ne déroge pas à cette pratique littéraire, et non plus aux marques de fabrique habituelles de l’auteur. Ainsi on retrouve son obsession pour l’écrit, la quête d’identité et le lien ténu entre réalité et imaginaire.

Dans ce roman, un écrivain, Sidney Orr sort tout juste d’une grave maladie dont il a failli ne pas en réchapper. Il est très amoureux de sa femme, Grace, qui l’a soutenu et avec qui il forme un couple solide et uni. Il n’a plus d’inspiration pour écrire et doit pourtant reprendre pied pour rembourser une astronomique dette de soin. Un jour, en déambulant dans Brooklyn, il trouve dans une papeterie un carnet bleu du Portugal dont il se sent irrémédiablement attiré. Alors l’inspiration lui revient, et il se met à la rédaction d’un nouveau roman avec beaucoup d’énergie. Très vite, le roman évolue entre ces deux histoires, celle de l’écrivain, et celle que l’écrivain délivre au fur et à mesure qu’il noircit les pages du carnet. Et rapidement, on comprend que les deux univers sont liés, jusqu’à la révélation de vérités que Sidney ne peut même subodorer.

Dans le roman précédent, Auster avait aussi mis en abîme le récit d’un film dans le fil de la narration. De la même manière que Daniel Pennac dans « Monsieur Malaussène » avait raconté le film « Unique », ou bien Almodovar dans « Habla con ella » avec le court-métrage en noir et blanc (L’amant qui rétrécit) absolument fascinant. Là c’est le roman dans le roman, avec les notes de bas de page en plus. C’est-à-dire que l’on suit le déroulement de l’intrigue réelle et aussi celle du roman en cours de rédaction, mais aussi quelques morceaux d’histoires narrés dans les notes de bas de page qui peuvent se poursuivre sur quelques feuillets (et forment un récit complémentaire mais distinct). Mais ça va, on ne se perd pas vraiment dans ces histoires, c’est une gymnastique schizophrénique qui se met rapidement en place. Ainsi, on pioche peu à peu des éléments dans chacune des narrations, et cela permet de mieux comprendre les personnages, leurs liens et leurs particularités.

Cela reste encore un roman à l’écriture brillante et au style vraiment génial. Je lirais ce type pendant des centaines de pages sans jamais me lasser je pense. Outre cela, l’histoire en elle-même est palpitante et les personnages très attachants. Ce mec parle de relations amoureuses avec un talent fou auquel je suis sensible comme rarement en terme de littérature.

La nuit de l'Oracle - Paul Auster

  • j’aime énormément Paul Auster aussi, quand j’étais étudiant en anglais, je voulais faire un mémoire de littérature comparée sur lui et John Irving. Le Voyage d’Anna Blume est pas mal, même si mes favoris restent les plus connus, la trilogie new yorkaise, mr Vertigo, la musique du hasard ou Moon Palace. Le problème, c’est que depuis quelques années, je trouve qu’Auster est devenu super chiant et que la narration marque le pas sur ses considérations littéraires et philosophiques, qui sont un peu les mêmes depuis 20 ans. J’ai tellement été déçu par Le livre des illusions – qui est pour moi son plus mauvais roman, que du coup, j’hésite à acheter celui-ci (Timbuktu ne m’avait pas emballé non plus).

  • je suis comme folkfurieuse, partagé sur les derniers écrits de monsieur Auster. En effet, quand on garde en mémoire Mr Vertigo, Smoke ou La musique du hasard, il est difficile en effet de digérer Le livre des Illusions. Mais bon à chaque fois je retente sur les nouveaux histoire de voir si par hasard …

  • Je comprends bien ce que vous dites là… C’est vrai que la narration a pris le pas sur le reste, mais je suis toujours aussi hypnotisé par son style et ses personnages, même s’il est moins radical en effet. Et j’avais vraiment aimé le Livre des Illusions ! :book:

  • Moi aussi j’ai eu ma période Paul Auster :-) Mes préférés sont New-York Trilogy et Leviathan. Par contre je trouve que depuis Moon Palace son style ne s’est pas renouvelé, et on commence à voir les ficelles. Du coup ça fait bien longtemps que je n’ai pas lu un roman de PA.

  • Ah bin tout pareil ici. J’ai eu un peu de mal à entrer pour la première fois dans la Trilogie New-Yorkaise, un peu déroutante quand on ne s’y attend pas, mais depuis je dévore. Mon préféré pour l’instant est probablement Leviathan.

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