Divergence familiale

Aujourd’hui, c’était journée en famille avec môman. Elle est venue me chercher à Cergy vers midi, et nous nous sommes restaurés à PizzaHut avant de faire un tour à Castorama (elle voulait mon conseil d’homme lol sur un sujet de déco relol et de bricolage rerelol) puis Leroy Merlin. Un vrai truc de parents du week-end en somme…

Ensuite on est allé rendre visite à mon grand-oncle et ma grande-tante qui sont assez âgés (88 et 90 ans) et dont le seul et unique sujet de préoccupation est leur fragile santé. Je ne veux même pas imaginer ce que la sécu leur paye en remboursement d’examens… Ca me fout à chaque fois en pétard… Ils sont du genre à se faire prescrire des contrôles médicaux en double simplement pour être sûr, et par des médecins différents pour comparer leurs diagnostiques (sans leur dire évidemment). Et pour tout, généralistes, cardiologues, scanners… allez hop ! Hallucinant !! Mais ils trouvent cela tout à fait normal, ils y ont DROIT comme ils disent. Enfin, convaincre des personnes de cet âge ce n’est même pas la peine d’essayer, ils sont complètement égocentriques et butés. Mais, autant habituellement j’avais des raisons de critiquer leur attitude hypocondriaque, autant là j’ai appris que mon grand-oncle a une tumeur au foie et les médecins ne savent pas si c’est bénin ou pas. Donc on lui a pas mal expliqué avec ma mère et leur généraliste (la fameuse « Doctoresse », leur prêtresse de la médecine), qui est passée entre temps, les différents moyens qu’il avait d’en savoir plus, puis le cas échéant de se faire soigner. Au final, comme il ne ressent aucune douleur, il préfère même ne rien savoir et attendre un peu.

Mon grand-oncle est en train de devenir peu à peu aveugle suite à une dégénérescence rétinienne, cela le cloue plus ou moins à sa maison alors qu’auparavant c’était un homme hyper mobile et toujours en vadrouille. Cela fait quelques années maintenant qu’il dit qu’il a assez vécu, qu’il n’a plus goût à la vie, qu’il ne regrette rien et qu’il voudrait bien passer l’arme à gauche. Il dit ne pas vouloir se foutre en l’air uniquement pour ma grande-tante. C’est difficile de trouver les mots pour le réconforter quand il est comme ça.

On a pas mal discuté ma mère et moi de nos rapports à notre famille, et je me rends compte qu’on arrive à des conclusions communes pas très reluisantes. Nous avons beaucoup d’affection les uns pour les autres et l’histoire familiale fait qu’il existe des liens ténus entre nous, mais les années creusent des fossés qui vont s’élargissant. Il est surtout affligeant de les voir s’engonçant dans des valeurs que j’abhorre et dans une incommunicabilité galopante et sclérosante. La conséquence est que nous prenons peu à peu des routes si distinctes que je ne sais pas si nous aurons un jour un truc à nous dire. Je pensais être un peu le seul dans ce cas là, vue ma situation un peu particulière (pédé, parisien, semi-intello, le parvenu de la famille etc.), et je me rends compte que ma maman est dans le même cas. Heureusement, nous avons une vie sociale à l’extérieur de notre vie familiale, mais la scission est difficile à admettre car jusque là nous avons dans notre famille eu tendance à amalgamer les deux complètement. Et on se paye de sacrés exemplaires… des nouveaux riches libéraux avec le goût de chiotte qui va avec (le genre qui aussi n’assume pas trop ses origines étrangères), des parents qui essaient de donner des leçons à leurs enfants concernant l’éducation des petits enfants, des dénigrements systématiques des personnes les plus fragiles de leur entourage, une tendance endémique à la déprime et l’autodestruction et enfin une incompréhension réciproque de chacun des protagonistes. Hummm charmant programme !

Pour le moment, on essaie encore d’arrondir les angles et faisons le maximum pour ignorer les arrogances des uns ou les petites méchancetés des autres, mais cela ne mène finalement pas à grand chose. Néanmoins, cette mise au point m’a rassuré sur l’opinion que j’ai de ma maman, qui est tout de même au-dessus de cette famille dont la mécanique et les valeurs me sont de plus en plus étrangères.