MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

L'ange sur le pont

C’est encore un bouquin de la collection Motifs du Serpent à Plumes avec une couverture géniale, mais je n’ai pas trouvé ça transcendant. John Cheever est à la base chroniqueur au New Yorker et il signe là un recueil de 16 nouvelles qui tournent autour du thème de l’identité et de la place de l’individu au sein de la société bourgeoise américaine.

Dans les nouvelles, je suis particulièrement sensible à ce don qu’ont certains écrivains de pouvoir narrer en quelques pages une histoire en construisant une intrigue et en arrivant à mettre en place tout un univers, comme on penserait seulement possible en quelques centaines de feuillets. C’est le cas ici, les personnages sont très bien dépeints et avec pas mal d’acuité et d’ironie. En outre, le milieu bourgeois décrit au vitriol est plutôt propice à des histoires pleines de frustrations, de non-dits et de drames.

Les nouvelles ont une composition identique à un récit structuré avec une situation initiale, une perturbation puis une narration jusqu’au dénouement (une situation finale qui souvent revient à la situation initiale). Mais ce que j’aime dans les nouvelles habituellement, c’est la chute. La fin de la nouvelle doit être percutante, doit prendre au dépourvue ou doit surprendre le lecteur. En général, on reste sur le cul sur les trois dernières lignes. Et là ce qui m’a gêné et déplu, c’est qu’il ne se passe pas grand chose. Et pourtant, certaines histoires m’ont vraiment intrigué et je voulais découvrir le fin mot. Or arrivé au dernier paragraphe, je ne comprenais pas vraiment la clôture de la nouvelle ou bien je n’y trouvais… pas grand chose. Il y a bien le côté fataliste du milieu bourgeois et le fait que les personnages sont tellement engoncés dans leur environnement et leurs valeurs, que finalement ils n’en sortent pas, et même la fin de l’aventure ne conclut sur aucun changement majeur.

Donc je n’ai pas vraiment accroché sur ce livre… c’est dommage car les éléments sont là, mais il me manque une truculence qu’on sent pourtant dans le caractère de ce bonhomme. Mais je vous recopie un passage qui m’a bien fait rire tout de même (humour noir) :

[…]
– Tu ne comprends rien de rien, répliqua-t-elle.
– Parce qu’il y a du neuf ? demanda McGowen.
– Lois Mitchell vient d’appeler. Harry s’est saoulé et a mis le chaton dans le mixeur.
– Est-ce qu’elle va se pointer ici ?
– Bien sûr. »

La sonnette retentit. Une femme hirsute et dépenaillée, les joues luisantes de larmes, entra.
« Oh, c’était atroce, s’exclama-t-elle. Les enfants ont tout vu. C’était leur petit chaton et ils l’adoraient. Ca ne m’aurait pas autant dérangée si les enfants n’avaient pas tout vu. »

L'ange sur le pont _ John Cheever

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: 
 

Les publications voisines

Post navigation