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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Aristote et Phyllis

J’ai complètement oublié de parler de ce truc en bronze du musée Dobrée. Curieusement disposé entre des bondieuseries médiévales et le cœur d’Anne de Bretagne, il s’agit d’un aquamanile, autrement dit une petite réserve d’eau (et là en métal donc, avec un piti robinet tout mignon) pour se nettoyer les mains. Ils sont utiles dans un contexte religieux ou profane, mais là j’ose espérer qu’on est dans le profane. Hu hu hu.

Ce qui nous a surpris c’est quand on s’est rapproché pour comprendre le pourquoi du comment, et qu’on a découvert qu’il s’agissait d’une représentation d’Aristote et Phyllis. Il n’y avait pas plus d’information, donc nous en sommes restés là. Mais ça me turlupinait, donc j’ai gouglé le machin pour comprendre d’où venait cette histoire du philosophe Aristote qui joue au cheval pour une gente dame. Et nous voilà sur un nouveau vortex passionnant et vertigineux !!! Le lai d’Aristote !

Ce poème raconte comment Aristote faisait la leçon à Alexandre le Grand (qui était son célèbre disciple) parce qu’il s’était trop amouraché d’une femme indienne. Cette dernière pour jouer un tour au philosophe vient le voir en mode femme fatale, et il n’en fallait pas plus pour que Môssieur Aristote accepte de se prêter à ce petit jeu érotique équestre. La jeune femme humilie le philosophe devant Alexandre, et la conclusion c’est que Amour vainc tot, & tot vaincra / tant com li monde durera. Bref, Eros est très fort, et on peut tous être son jouet.

Déjà c’est marrant car beaucoup d’autres langues ont retenu le nom de la dame comme étant Phyllis, mais elle n’est en effet mentionnée dans le lai que comme une indienne. Et surtout on lit dans l’article, qu’il s’agirait d’une vieille histoire plutôt moyen-orientale qui a été adaptée à nos contrées, et dont on trouve les plus anciennes traces au 13ème siècle.

C’est très drôle aussi de voir les différentes avec la version allemande de cette même histoire, surtout quand on apprend l’origine du manuscrit : Des manuscrits du XIIIe siècle – dont le plus ancien du tout début du siècle, qui avait servi en 1695 à colmater les fuites des tuyaux de l’orgue du couvent de Benediktbeuren et ne fut retrouvé qu’en 1964-1965 lors de la restauration de l’instrument – utilisent également le thème mais avec des différences notables.

L’article, et plusieurs autres références sur les Internets, fait comprendre que cette thématique était très très populaire au moyen-âge, et il y a clairement une fixette sur cette « domination » féminine qui a dû faire couler de l’encre et faire s’échauffer les chantres de la masculinité toxique de toutes les époques. Mais pour qu’on trouve des exemplaires multiples de cet objet (sur Wikipédia c’est une pièce du MET), c’est que c’était sans doute de la grande série, et une représentation très commune. Mais pourquoiiiiii ?

Alors moi je dis : verra-t-on des moulins à poivre en forme de bite à Griveaux !! Non vous ne croyez pas que ça passera à la postérité1 ?? ^^

*Edit du 15/01/2025 :*

Suite au commentaire de Baptiste, ci-dessous, qui évoque la présence de l’objet dans une exposition actuellement au Louvre sur les « Figures du Fou », on peut en effet voir une mention avec des explications sur notre aquamanile en page 13. Quelle drôle de synchronicité !! ^^

  1. Franchement, il mériterait. ^^ ↩︎

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