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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Nowhere

Il fallait absolument que je parle de ce film, j’y pense depuis que j’ai évoqué « Mysterious skin » qui a déjà presque deux ans. Et puis les intitulés des cours auxquels allaient Bruno m’avaient fait penser à ceux complètement loufoques du film, et du coup je l’ai rematé dernièrement. C’est un film de 1997 (putain dix ans !!), et ceci explique sans doute en partie pourquoi ce film est si important pour moi. Bah ouai j’avais 21 ans quand je l’ai vu, et il incarnait avec une perfection redoutable tout ce que j’avais dans la tête. Je me souviens qu’il avait été taxé par la critique « d’épisode de Beverlly Hills sous acide », ce qui correspond formellement assez bien à la réalité. Mais il y a plus à mon avis qu’un simple pastiche.

J’avais déjà été conquis par le savoir-faire incroyable du réalisateur pour son précédent film, « Doom generation », où l’on pouvait déjà loucher sur son (bel) acteur fétiche : James Duval. Ce film était dingue et superbe, un road-movie plus que déjanté qui vitriolait déjà allègrement la société américaine. On retrouve son talent de cinéaste pour Nowhere, et notamment dans la manière sensuelle et photographique avec laquelle il filme les corps et les visages de ses comédien(ne)s.

« Nowhere » se passe à Los Angeles, et on suit les tribulations d’une bande de lycéens californiens « standards ». Il y a notamment Dark, adolescent taciturne et arty, qui sort avec Mel, une superbe black bisexuelle et insatiable. Dark va vivre quelques événements forts et décalés qui vont lui faire remettre en question ses credo et son sens de la réalité. Il rencontre notamment Montgomery qui va bien le troubler, tandis qu’en présence d’un étrange lézard géant extraterrestre, tout semble se détraquer autour de lui.

Le film ressemble bien à un épisode de « Beverly Hills » car il en possède quelques attributs esthétiques, et Araki se plait surtout à récupérer tous les codes des soaps et de notre univers consumériste actuel (enfin, celui de l’époque car le film est déjà extrêmement daté). Le film pullule de personnages secondaires plus ou moins liés les uns aux autres (petits copains, frère, soeur, amis, potes de classe etc.), et il déroule toute une série d’intrigues qui mettent en place l’ambiance générale.

En outre, le casting est exemplaire avec des comédiens ou comédiennes qui n’étaient pas forcément très connus à l’époque, ou d’autres qui ont accepté de jouer dans des rôles quasi-parodiques. C’est comme cela qu’on trouve pêle-mêle : Chiara Mastroianni, Kathleen Robertson (qui joue dans « Hollywoodland »), Christina Applegate, Ryan Phillippe, Heather Graham, Mena Suvari, Denise Richards, Jaason Simmons (une pauvre star « d’Alerte à Malibu »), Charlotte Rae (mais si Madame Garett dans « Arnold et Willy » !) et tout de même dans le rôle des trois pétasses à un arrêt de bus : Rose McGowan, Traci Lords (célèbre actrice de porno US des années 90) et Shannen Doherty.

J’ai adoré ce film à l’époque car c’était un OVNI complètement taré, mais où je retrouvais en substance toute ma « culture » de l’époque. Et puis ça avait beau être flippant, décalé et « noir », ça n’était pas non plus un film pessimiste ou négatif. En plus, il y avait de l’amour, du désir, du sexe, de la romance, de l’amitié, et toute une bande de jeunes qui cherchaient à trouver leurs propres codes ou valeurs, et à profiter de leurs vertes et insouciantes années. C’est aussi un film qui d’un plan à l’autre, passe du rire aux larmes, de la débilité superficielle à l’angoisse adolescente, et parfois au suicide, à la drogue, au sexe en tant que récréation amoureuse, et puis en tant que marchandise ou punition. Quand je le regarde aujourd’hui, je l’aime toujours autant, car il est toujours aussi chelou, toujours aussi incroyablement fucked-up. Et à présent que le décalage temporel le laisse ainsi comme une oeuvre en « suspend », elle n’en prend que plus d’importance et de beauté. Ce film a indéniablement marqué cette fin de millénaire pour moi.

Petit bonus : les extraits où ils évoquent les cours auxquels ils assistent au lycée… ;-)

Nowhere

  • Et le nom du réalisateur ?!! Gregg Araki bien sur ;-)) C’est vrai que Doom generation et Nowhere sont deux films « expérimentaux ».
    Son nouveau film « Creeps » est annoncé… reviendrait – il à ses premières amours en louchant du côté de David DeCoteau ?

  • et sur le dernier plan du film, le monstre qui se lève tranquillou bilou et qui nous balance un « i’m getting out of here ! » et puis se barre nonchalamment. :mrgreen: trop bon ! un film culte, assurément.

  • Ce film m’avait aussi marqué à sa sortie. J’avais 17 ans, j’étais encore puceau et sans coming-out, et ce film m’avait complètement retourné. Ceci dit, c’est vraiment de l’expérimental. La fin du film est totalement déprimante (ça m’avait foutu le moral à zéro). Reste que j’avais dû le regarder une bonne dizaine de fois, essentiellement pour les acteurs bandants, je dois l’avouer (Gregg Araki n’est pas pédé pour rien). Cela me rappelle l’introduction de « The Doom Generation » : au générique d’intro, il s’affiche « An heterosexual movie by Gregg Araki ». Ouais, ça m’avait fait rire.

    Par contre, j’ai été incapable de trouver, en DVD, DivX ou autres le premier film de sa trilogie, « Totally f**ed up ». J’aimerais bien le voir pour comprendre la logique entre ce dernier, « The Doom Generation » et « Nowhere ».

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