Je ne lis pas beaucoup de littérature européenne, et je ne connaissais pas Erri De Luca qui est apparemment un des grands auteurs italiens du moment. Et quelle merveille de petit bouquin ! Il s’agit d’un recueil de nouvelles, assez courtes et anecdotiques, où l’écrivain narre des épisodes souvent liés à la fin des années 60, dans sa période activiste. Ces saynètes décrivent avec une superbe langue et beaucoup de poésie des situations ou des sensations liées au fait d’être à « deux » plutôt qu’à « un ».
Je retiens d’Erri De Luca surtout un incroyable talent de conteur et un sens du phrasé qui m’a laissé pantois. Il s’agit vraiment d’un écrivain à la plume très alerte et affûté, et dont l’écriture s’auréole d’une poésie irrésistible. J’ai noté des dizaines de phrases qui pourraient être citées en maximes ou aphorismes. Il y a aussi un rythme très intéressant dans la manière de narrer, et qui ne doit pas être étranger à la langue italienne (malgré la traduction en français).
On retrouve les anecdotes d’un homme assez taciturne mais à la destinée picaresque avec un passé militant qui s’est fondé dans les manifestations et émeutes de 68-69 (similaires au « mai 68 » français). Il raconte aussi quelques aventures en montage, et son rapport avec la nature. On voit un homme un peu bourru et parfois rogue, mais aussi à la sensibilité à fleur de peau sous une épaisse carapace. Et toujours cette réflexion sur la solitude, sur le couple ou bien le duo, sur des « solitudes appariées » aussi. On réalise alors rapidement à quel point le titre est bien choisi, et véhicule toute l’essence du bouquin.
Il a eu le prix Fémina Etranger en 2002 pour un autre bouquin, il faut que je le lise…
(Rien à voir mais j’adore aussi la couverture, qui est donc exceptionnellement disponible en grande taille, arf !)
je suis carrément fan d’Erri de Luca…depuis longtemps
Ouep, Montedidio, c’est le nom du roman qui a eu le Femina, que je conseille chaudement… Petite anecdote : Erri de Luca a été longtemps maçon et conducteur de camions. Ca nous change de ces écrivaillons français qui foutent rien de leur vie, hein ma bonne dame. C’était vraiment très intéressant.
le truc long et chiant au dessus, c’est moi!
Du même De Luca, je te recommande Trois Chevaux (dispo chez Folio) que j’ai lu tout récemment.:salut:
« Je ne lis pas beaucoup de littérature européenne » : ne te presse pas là-dessus, t’as encore pas mal de volumes de Roth à lire avant de passer au superflu. :o)
Pour aller plus loin, quelques articles forts intéressants sur le site du mensuel de la littérature contemporaine « www.lmda.net » (Le Matricule des Anges). Cela change des critiques convenues de Télérama, NouvelObs, l’Express, Le Monde des Livres, FigaroMag, etc.
j’allais te recommander chaudement Montedidio, du même, mais je vois que c déjà fait… ah que tant pis!