Augusten Burroughs, ce mec va se faire un nom comme il s’en est déjà fait un aux USA avec ses quatre romans largement autobiographiques. Merci à Coco de m’avoir conseillé cette saine lecture. Et puis, le « Passage du Marais » produit de véritables petits bijoux de livres (notamment les Chroniques de SF) dont la forme est toujours aussi agréable (couverture, papier, typo…).
A la manière de J.T. Leroy ou de Jonathan Caouette, Augusten, Burroughs n’a pas eu une enfance et adolescence banales, et il l’évoque sous diverses formes dans tous ses romans. Apparemment il a vécu tellement de choses qu’il a largement de la matière pour continuer. J’ai vraiment pensé au deux auteurs que j’ai cités car ils sont tous homos (queers même) et tous déjantés, et que les romans de Burroughs sont d’ores et déjà candidats pour devenir des films*.
On retrouve dans « Courir avec des ciseaux » exactement ce à quoi je suis sensible dans ce type de littérature américaine (il faut aussi dire que le bouquin favori d’Augusten est « la Conjuration des imbéciles ») : une chronique familiale délirante avec un personnage central aussi déboussolé qu’attachant (et pédé), une galerie de personnages secondaires désopilants et déroutants, une critique sociale et psychologique qui plonge le lecteur entre hilarité et émois selon les passages.
Comme J.T. Leroy et Jonathan Caouette, Augusten Burroughs a pour personnage central de son histoire : sa maman. Cette dernière est une artiste qui écrit des poèmes, dont certains sont publiés, doublée d’une grande névrosée dont la bipolarité aura des effets aussi néfastes que variés sur son jeune fils Augusten. C’est lui le narrateur, nous sommes en 1977 (la bonne ambiance seventies règne subtilement pendant tout le récit), il a 12 ans (il n’a que 17 ans à la fin du roman) et ses parents sont en pleine séparation. Son père noie dans l’alcool ses problèmes de dépression, et sa mère rencontre un étrange psychiatre, le Dr Finch, dont l’importance dans l’existence de l’enfant va être décisive.
De pétages de plombs en thérapies douteuses, Augusten se retrouve abandonné par sa mère chez le Dr Finch. Ce dernier et toute sa famille, tous complètement oufs, accueillent le gamin dans cette maison du bonheur, qui est un taudis décrépit. Il trouve alors une liberté absolue au sein de cette famille chtarbée mais adorable (à certains égards) qui prône l’expression de la colère et des ressentiments pour éviter le malaise psychologique. Il y a Hope, une des filles du docteur, qui est l’assistante de son père et qui est une de ses ferventes adeptes. On trouve aussi Natalie qui devient une amie intime du garçon, avec qui il fait les 400 coups, et Neil, un ancien patient de 33 ans, adopté par le médecin, qui sera l’amant passionné d’Augusten.
J’ai suivi cette chronique biographique avec beaucoup de plaisir, et j’ai aussi beaucoup rit en lisant ce bouquin. Personnellement, l’identification avec le personnage était très forte, surtout dans la manière dont il est pédé (depuis l’enfance, et les trips et fantasmes très queers comme j’avais). Le style de l’auteur n’est pas extraordinaire, mais il manie une plume alerte et spirituelle (so witty !) qui fait souvent mouche.
Et comme le dit la couverture : « la réalité dépasse la fiction ». On est donc dans un récit qu’on pourrait croire tout droit sorti de l’imagination d’un Douglas Coupland, or il s’agit vraiment d’une bio ce qui parait encore plus dingue. Dévoré en quelques jours, ce livre a été une excitante bouffée d’air frais et une poignante découverte.
*Courant 2006 devrait sortir le film « Running with cissors » avec Brian Cox dans le rôle du psy, Annette Benning pour la mère (alors qu’on annonçait d’abord Julian Moore), Jospeh Fiennes pour l’amant d’Augusten et Gwyneth Paltrow pour Hope.
Ca donne bien envie d’y jeter un coup d’oeil … (ne serait-ce que pour avoir une idée de tes trips et fantasmes queer !)
Augusten fait les 400 coups avec Natalie — ça veut dire quoi ?
On l’a emprunté au film de Truffaut, or c’est l’argot ?
Peut-être l’auteur s’est fait un nom aux USA, mais il y a
au moins un américain — moi — qui n’en avait encore entendu dire.
William Burroughs faisait du cut-up, Augusten Burroughs court avec des ciseaux. Tout se tient, finalement :mrgreen: …
C’est bête, maintenant il va falloir qu’on précise quand on va parler de « Burroughs » :doute: ! là
Faudrait prévenir Z. Brite ! Merci pour la critique monsieur Matoo
Il va se faire un prénom plutôt !
je ne jure que par la conjuration des imbéciles aussi ;) je sens que je vais relire tous les posts boukinage bon weekend m’sieur
Haaaa vla un livre qui m a bien plu moué!!
.0063.
je vous l’avais dit il y a quelques mois que c’était excellent :-)
Je l’ai lu il y a un petit moment et j’ai adoré ;)
Desolée je débarque mais est-ce qu’il y a un lien de parenté entre William et Augusten ? (Je viens d’acheter Déboires)