Lucía Etxebarría est un auteur que j’ai découvert et adoré avec « Amour, Prozac et autres curiosités », puis confirmé mon assuétude avec « Beatriz et les corps célestes ». Ses bouquins ont un souffle commun avec un style bien particulier et une tonalité très « espagnole » avec cette teinte de « movida » qui fait penser aux films d’Almodovar. Et puis, on retrouve aussi des thèmes communs avec des personnages centraux féminins, indépendants, passionnés à la fois fragiles et combatifs. Pas mal de rapports avec l’homosexualité aussi, tant masculine que féminine, et toujours traitée avec discernement et perspicacité.
Ce bouquin ci m’a particulièrement plu et marqué. Elle y disserte sur l’amour et la passion amoureuse à travers l’histoire tumultueuse de Ruth et Juan. J’ai rarement lu un roman qui me faisait aussi si bien ressentir les sentiments en montagnes russes de la passion. Elle développe des métaphores superbes, et son récit prend une forme singulière qui m’ont complètement fait rentrer dans l’intrigue.
Tout commence par le suicide raté de Ruth, et puis son explication qui engage la narration sur le récit de l’histoire d’amour entre cette réalisatrice avant-gardiste indépendante et marginale, avec un jeune (plus jeune qu’elle) écrivain basque ambitieux. Le livre raconte cela chronologiquement, de la rencontre aux affres de la fin, en évoquant à la fois les faits, et en se penchant aussi sur la logique et la psychologie des relations mises en exergue.
Cela donne un roman superbe où l’on suit cette femme et son évolution dans cette relation, qui, comme toutes les relations, a des répercussions sur son développement personnel et ses névroses. Il y a aussi ce côté espagnol que je trouve toujours flamboyant et haut en couleur dans les dialogues et les rapports entre les gens. On sent que ce sont des tempéraments latins et fougueux, et on est pas étonné que la relation amoureuse suive des règles identiques. Et évidemment, Ruth et Juan sont deux personnages hyper charismatiques et à la fois identiques et opposés, ce qui engendre une relation des plus fusionnelle et orageuse.
On y trouve aussi quelques extraits marrants sur la relation que Ruth (un peu bi sur les bords d’ailleurs) entretient avec son meilleur pote homo : Pedro.
Chaque fois qu’il buvait un verre de trop, Pedro se ruait sur Ruth, assurant qu’il était éperdument amoureux d’elle, et Ruth l’envoyait promener. Non qu’elle doutât de l’amour de Pedro, mais elle avait entendu beaucoup d’histoires de gays qui tombent amoureux d’une femme et pensait que quand on chasse le naturel, il revient au galop. Ils avaient beau dire qu’ils marchaient à voile et à vapeur, un homme qui marche à la vapeur ne peut pas changer du jour au lendemain, même pour des voiles exceptionnelles.
Le roman n’est ni pessimiste, ni optimiste sur l’amour. J’ai aimé le fait qu’il décrive la relation amoureuse sous ses diverses formes de la plus destructrice et passionnelle, à la plus conformiste et conventionnelle. Sans faire l’apologie d’aucune, on finit par voir que chacune des voies ont leur lot d’avantages et d’inconvénients, et que le problème de la quête amoureuse parfaite n’a pas encore été résolue (et on en est loin).
un vrai bouillon de culture ce matoo
would you like some more porridge ?
chouette ! j’avais adoré le premier …
Salut jeune homme, te lisant depuis quelques semaines, je me décide enfin à te laisser un message!
Ton post sur Lucia Etxebarria m’en donne l’occasion…
J’ai également beaucoup aimé ses 2 premiers ouvrages et dévoré le dernier, durant mes vacances… en grèce, la même semaine que toi!!! (mais pas au meme endroit…).
Bonne continuation à toi
She
C’est marrant le nombre de Pierre, de Pedro, de Pietro, de Peter gays dont j’ai pu entendre parler à droite à gauche…
Mais alors moinaussi je suis gay, puisque mon prénom c’est Pierre :boulet:
ARF