Et ouai, y’a un type qui lance un site pour thème « Solidarité avec Alain Juppé ».
Je trouve cela surréaliste. Même si je pense aussi que Juppé est un mec plutôt intègre et droit, il n’en reste pas moins le responsable d’une escroquerie publique majeure. Et puis, il paye pour le big boss qui est sagement assis sur son trône…
On en discutait avec Diego avant-hier au « Chant des Voyelles » (en passant, service et bouffe toujours aussi lamentable d’ailleurs…). Nous avions une vision un peu différente du jugement (explicable par le fait que Dieg est avocat, et moi complètement béotien), tout en étant d’accord sur une chose : cela a démontré et affirmé l’indépendance de la justice.
Nos opinions différaient quelque peu sur les sanction infligées. En effet, je vois la peine de prison de 18 mois avec sursis comme un châtiment important et significatif. Mais le fait que ce mec n’ait pas détourné de l’argent pour son propre compte, et que c’est dans le fond une responsabilité largement partagée, j’aurais trouvé un peu énorme de l’avoir condamné à de la prison ferme. Les 10 ans d’inéligibilité, par contre, sont lourds de conséquence pour un politicien, et un symbole vraiment marquant pour prévenir les politiques, asseoir l’indépendance judiciaire et réconcilier les gens avec la justice.
Diego m’a expliqué son avis, qui contraste avec le mien sur les deux peines. En effet, il considérait, à l’inverse, que les 18 mois avec sursis ne signifient pas grand-chose, tandis que les 10 ans d’inéligibilité sont une vraie fin de carrière annoncée pour Juppé. Il faisait le rapprochement avec les racailles qu’il conseillait lorsqu’il était en stage, et qui faisaient part de leur incompréhension devant l’impunité des hommes politiques ou businessmen qui volent des millions et qui obtiennent du sursis, alors qu’on les emmerde pour des peccadilles jusqu’à les poursuivre et les emprisonner. Du coup, on peut se demander si la justice a le droit de faire des exemples de la sorte, et si cela ne va pas au-delà de leurs attributions (de faire simplement appliquer le droit).
1e : le chant des voyelles, pourquoi contineur à y aller ? Même nous qui allons dans le bar d’â côté n’y allons plus.
2e Juppé : je suis plutôt d’avis avec vous deux, bien que n’ayant que très peu de bases juridiques aussi (le strict minimum de droit du travail pour un DP, mais c’est tout).
Je trouve que Juppé s’il a bien fait ce qu’on lui repproche, n’est pas qu’un bouclier humain, donc une sanction contre lui est justifiée. Il a trahi sa tâche de représentant du peuple, donc on doit le frapper en ce sens, d’où l’inélligibilité. Je trouve la durée un peu grande, mais je n’ai qu’un seul cas à comparer (Emmanuelli = 2 ans). Pour la prison, je ne suis pas suffisamment au fait mais il ne s’est pas enrichi lui-même, contrairement à d’autres, donc le sursis me semble « juste ».
J’aime bien cette discussion que vous avez tenue, si différente des diatribes de nos zamis les polticiens…
Il était membre du gouvernement qui a fait voter la loi renforçant les sanctions pour les faits qui lui sont repprochés. Il ne pouvait pas ignorer la loi. Il n’ignorait pas non plus ce qui se passait dans son parti. Il connaissait les règles, il en a joué. Il a été arrogant lors de son procès. On en voit le résultat.
On ne peut faire compagne sur la délinquence zéro d’un côté et jouer les malheureux de l’autre. En ce cas, qu’on libère les prévenus encore en attente de jugement dans les prisons françaises, les malades et autres grabataires qui encombrent des prisons surchargées dont les conditions de vie sont déplorables. Reflet honteux d’une démocratie malade.
Et puis un retraité politique qui à 58 ans se fera dans les 8000 euros de retraite mensuels, tu m’excuses, mais j’ai du mal à pleurer.
Quant à la question finale, on peut à la rigueur chipoter sur l’attendu concernant la tromperie du peuple souverain, mais les juges ont appliqué la loi à la lettre.
D’accord avec aqb
Ce qui m’intéressait par rapport au positionnements proposés dans ce post c’est l’effet que peut avoir sur les autres la baffe que Droit-dans-ses-bottes vient de prendre, mais aussi les conséquences possibles sur Super Menteur.
Et en effet, je ne me fais pas de soucis pour sa retraite… :D
quand on pense que les avocats (et les politiques) ont tout fait pour eviter un proces- a voir certains dossiers tres brulants qui n’ont meme pas engendré une simple mise en examen !
cette peine peut etre severe sur le plan politique, n’est que méritée !
la conduite de certains hommes politiques de droite comme de gauche à l’annonce du vedict est écoeurante !!!
DURA LEX, SED LEX !
La notion de Justice va bien plus loin que la simple notion de Droit. La Justice est une valeur symbolique, philosophique, spirituelle. C’est l’idée que l’on se fait du droit, de l’équité, du respect des autres… La Justice s’appuie sur le droit et il n’y a pas de justice sans droit dans une société démocratique, mais la Justice c’est beaucoup plus que le seul droit d’une telle société.
PRINCIPE DE DROIT
1/ Tout délit doit être sanctionné, que l’on soit homme politique, syndicaliste, chef d’entreprise, journaliste ou Président de la République… (dans les limites prévues par la Constitution et par les lois)
2/ Toute sanction doit être appliquée, quel que soit celui qu’elle vise.
3/ Toute application de sanction doit être mesurée.
4/ Toute application peut être interrompue par une voie de droit.
L’appel et la grâce présidentielle en sont deux exemples
CODE PENAL
LIVRE IV ; Des crimes et délits contre la nation, l’Etat et la paix publique
TITRE III ; Des atteintes à l’autorité de l’Etat
CHAPITRE IV ; Des atteintes à l’action de justice
Section 3 ; Des atteintes à l’autorité de la justice
Paragraphe 1 ; Des atteintes au respect dû à la justice
article 434-16
La publication, avant l’intervention de la décision juridictionnelle définitive, de commentaires tendant à exercer des pressions en vue d’influencer les déclarations des témoins ou la décision des juridictions d’instruction ou de jugement est punie de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende.
Lorsque l’infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.
article 434-25
Le fait de chercher à jeter le discrédit, publiquement par actes, paroles, écrits ou images de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance est puni de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende.
Les dispositions de l’alinéa précédent ne s’appliquent pas aux commentaires techniques ni aux actes, paroles, écrits ou images de toute nature tendant à la réformation, la cassation ou la révision d’une décision.
Lorsque l’infraction est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.
L’action publique se prescrit par trois mois révolus, à compter du jour où l’infraction définie au présent article a été commise, si dans cet intervalle il n’a été fait aucun acte d’instruction ou de poursuite.
(Ordonnance nº 2000-916 du 19 septembre 2000 art. 3 Journal Officiel du 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002)
Rien n’interdit donc de commenter une décision de justice du moment que l’on ne discrédite pas celle-ci, ni ceux qui l’on prise au nom du peuple français.
On peut parfaitement la trouver sévère mais on n’a pas le droit de dire qu’elle est inappropriée ou injuste et que ceux qui l’on rendu l’on fait sous des prétextes non strictement juridiques car alors là c’est aux principes fondamentaux de notre nation que l’on porte atteinte.