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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

4% en théorie… (Mathias Chaillot)

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui est à la fois un manuel pratique, en même temps qu’il raconte en filigrane une jolie histoire sur son auteur. Et tout cela est très fin et délicat dans ses anecdotes intimes, tout en étant très rationnel, raisonné et factuel dans ses explications, souvent même scientifiques. L’auteur, Mathieu Chaillot, est un journaliste gay assumé, et il part de son cas à lui, en essayant de trouver des explications à plein de choses, et en chemin il nous en dit beaucoup sur nos propres interrogations et délivre quelques pistes de réponses.

Les 4% en théorie sont bien entendu la proportion d’hommes gay dans la population globale. Et Mathias Chaillot se demande une question basique : mais pourquoi je suis homo ? Il se raconte un petit peu et c’est toujours très touchant et forcément ça amène à s’identifier à ses propres expériences en la matière, mais surtout cela débouche sur un vademecum hyper fouillé et documenté pour refaire un point sur le pourquoi. Les anciennes théories mais aussi les nouvelles, et sans aucun tabou, il donne ainsi des raisons très scientifiques, pratiques et parfois crédibles, sur des sujets dont on ne sait pas toujours qu’ils ont autant été travaillés par les sociologues.

J’ai vraiment pensé au guide pour les jeunes homos de Xavier et Charles dont j’ai parlé il y a donc plus de vingt ans, mais là c’est le guide d’aujourd’hui et avec une forme vraiment chouette et originale. Et je trouve que c’est la manière idéale, celle d’aujourd’hui, d’accompagner tout un chacun sur ces questionnements, et d’y répondre avec autant de sérieux mais aussi de décontraction et d’humour. Le livre est vraiment un bel antidote à l’homophobie, et un magnifique tribut au coming-out. Il couvre tous les sujets depuis le pourquoi, jusqu’à des problématiques de sexualité, de drague, de taf ou de gestion familiale.

J’ai appris beaucoup de choses, alors que je me considère un certain expert en la matière. Hu hu hu. Et encore une fois, c’était très plaisant de faire connaissance aussi de ce garçon qui a le courage et la générosité de se mettre ainsi en scène et parfois à nu (même si ça reste assez pudique malgré tout) pour mieux toucher ses lecteurs et j’imagine, surtout, les jeunes gays qui liront l’ouvrage.

Je sais que plus personne ne lit, mais j’ai l’intime conviction que le bouquin méritera de tomber dans les mains de quelques uns, car c’est une lecture édifiante et saine, et qui fera du bien.

  • Seulement 4 % ? Peut-être 4 % qui assument de l’être et ne s’en cachent pas ? Ou qui ne sont pas du tout bisexuels ?
    (avec toute la naïveté de qui était tombée de surprise en voyant se déchaîner le phénomène de manif pour tous, alors que je croyais que c’était OK depuis une quinzaine d’années déjà à l’époque, que la tolérance et l’acceptation l’avaient enfin emporté)

    • 4% en ne comptant que les HSH (les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes), si on ajoute les lesbiennes et les bis, ça augmente bien sur le pourcentage.
      Ce n’est pas une illusion, il y a bien une amélioration de la tolérance des LGBT dans la société globalement. En revanche, les « antis » sont encore plus virulents et violents, et donc le fossé se creuse. Et statistiquement, il suffit donc de tomber sur un fâcheux, pour que ce soit potentiellement dramatique. :triste:

      • Tu as raison, c’est parce que les antis se font plus virulents (et peut-être d’autant plus qu’ils ne sont plus qu’en minorité) qu’on peut avoir l’impression qu’ils sont soudain davantage. Mais vraiment la « manif pour tous » et tous les moyens financiers qu’il y avait derrière, je n’avais pas vu venir. Ça m’avait glacée d’effroi.

  • Comment ça plus personne ne lit ???????????????? L’autre jour, une ado dans le bus, un livre ouvert sur ses genoux. Ouf. Au moins une.

    J’ajoute ce livre à ma PAL.

  • J’aime toujours lire tes chroniques littéraires… qui me rappellent chaque fois ce qui me manque du fait de ne pas pouvoir régulièrement arpenter les allées d’une librairie francophone, vu où j’habite. J’ai aussi apprécié le lien à 2004… que d’eau a coulé sous les ponts !

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