MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le Sanctuaire

Il y a presque vingt ans, j’écrivais un post sur ma « mythologie de l’enfance« , et régulièrement je fais le tour de ce patrimoine personnel très immatériel mais largement animiste et lié aux éléments bien tangibles de ces lieux de mon existence toute entière. Ma maman habitant aujourd’hui dans la maison de ma grand-mère, j’ai l’opportunité de voir et documenter régulièrement l’évolution de mes Terres Sacrées.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris de photos du Sanctuaire, dont je parlais déjà dans mon précédent article. Et donc j’en ai profité lors d’une promenade hier pour prendre quelques clichés de meilleure qualité. Ce truc est assez incroyable, et m’a toujours à la fois attiré et fait grandement flipper. C’était un peu une incarnation figée des Fraggle Rock et du décorum de Dark Crystal, grosses références de mon enfance. Il y avait une admiration du travail de sculpture et d’assemblage, et sans doute aussi de la monomanie de l’exécution sur une toute petite surface, mais aussi une vraie répulsion de certaines représentations, comme autant d’incantations à des esprits plus ou moins sympathiques.

On penserait immédiatement aujourd’hui au fameux Palais du Facteur Cheval, mais en plus petit et peut-être moins fascinant et « abouti ». Et c’est en essayant de gougler des mots-clefs afférents, que j’ai trouvé une vraie référence à cet endroit (que je connais vraiment depuis toujours, donc me concernant une quarantaine d’années). Voilà que cette adresse est listée à l’inventaire du patrimoine de l’Île de France, alors ce n’est pas du tout encore un monument historique, mais c’est assez intéressant pour l’inventorier et le référencer, ce qui est une très bonne idée à mon avis.

Et donc j’ai ainsi appris qu’il s’agissait du lieu de retraite d’un facteur également, un certain Georges Maillard (1932) qui a acquis le terrain en 1964, et habite là depuis 1972 (je ne sais pas s’il est encore en vie). Evidemment ils n’ont pas résisté à l’idée d’appeler cela le « jardin du facteur Maillard », sans doute en écho à celui de Cheval. J’imagine que c’est une sorte d’étape indispensable si jamais on veut ensuite conserver l’endroit, et ne pas le voir détruire par un promoteur (c’est ce qui arrive à toutes les parcelles qui se libèrent dans le coin). Comme n’importe quelle ville de banlieue parisienne, les mètres carrés constructibles sont rares et prisés.

Il y a maintenant un nombre d’œuvres assez impressionnants, avec aussi des éléments architecturaux qui viennent encore souligner l’aspect fantasmagorique de ce bestiaire vaudou contemporain. J’aimais bien ma version de l’enfance avec quelques personnages phares que je ne vois plus (notamment une vieille dame avec son fichu) et encore avec quelques bosquets qui donnaient un peu plus de vert à l’endroit (mais c’est sans doute aussi la touche hivernale qui fait cela). En tout cas, on peut imaginer l’effet que cela peut faire sur un enfant, qui matin et soir en revenant de l’école, passait devant, et sans que jamais on ne lui explique ce que c’était (c’était vraiment comme si c’était un truc tout à fait normal).

Et à côté, coule toujours la Viosne, et cela demeure un lieu magique pour moi.

Hier, il y avait un cygne solitaire qui m’a accompagné pendant une vingtaine de minutes dans mes pérégrinations. En cette fin 2024, ma mythologie tient encore bon la rampe ! ^^

*Edit du 27/12/2024* :

L’ami estèf a été plus opiniâtre que moi, et il a trouvé cet article génial qui évoque l’artiste. Il est malheureusement décédé en 2022, c’est super triste car si j’avais su tout cela, je serais allé le voir et j’aurais pu lui dire tout ce que ses œuvres m’ont apporté au fur et à mesure de mon enfance et adolescence.

Je remarque aussi qu’il est né en 1932 à Arronville, et ça m’a fait sourire car c’est la ville voisine de Berville, où j’ai vécu entre 7 et 21 ans, et dont j’ai pas mal parlé dans mes évocations du Vexin Français que j’aime tant. Il est décédé à Pontoise, sans doute à l’hôpital, hôpital où je suis né en 1976. Et il a donc vécu à Osny, à quelques pas de mes deux grands-parents comme on peut le voir sur ma carte des lieux de mon enfance.

Enfin, l’article évoque le fait qu’il a commencé à œuvrer en 1985 (j’ai 9 ans) avec des totems en bois, et c’est marrant car j’avais des souvenirs même plus tôt (comme je le sous-entendais plus haut), mais donc c’est juste mon imagination. Et en réalité, j’ai plutôt connu son travail lors de mon adolescence, qui, c’est vrai, a beaucoup eu lieu chez mes grands-parents et surtout ma grand-mère. Cela ne m’étonne pas, car on déforme beaucoup de choses et on en invente (ou sublime) aussi pas mal quand on se fie à ses seuls souvenirs d’enfance.

Je garde l’article lié en pdf pour assurer sa postérité (tant que je demeure en ligne en tout cas).

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