MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Iwak #27 – Route (Road)

Iwak c’est Inktober with a keyboard, donc tout le mois d’octobre : un article par jour avec un thème précis.

La Vallée de la Mort en Californie est un endroit extraordinaire, et un des endroits les plus beaux et intéressants que j’ai visité. Il s’agit d’un rift endoréique, donc une sorte de vallée d’effondrement dont les eaux du bassin ne se déversent nul part (mais s’évaporent), lié au désert des Mojaves, et on y trouve le point le plus bas des USA (Badwater à 85 mètres en dessous du niveau de la mer), avec pas très loin le Mont Whitney (à 123 km et 4417m d’altitude) qui est le point le plus haut des USA. C’est l’endroit sur terre où on y a aussi enregistré la température la plus élevée de l’histoire avec 56,7°C à Furnace Creek le 10 juillet 1913.

Quand on était à Furnace Creek en plein mois d’août 2009, les locaux s’amusaient à nous dire que seuls les français s’aventuraient en cette saison. Et c’est vrai que c’était une chaleur à crever, il suffisait de sortir de la voiture ou de l’hôtel (climatisé à 16°C évidemment, c’est les USA) pour sentir immédiatement toute humidité vous quitter. On ne transpire même pas une goutte, et les vêtements ne se mouillent pas de sueur, car tout est immédiatement évaporé. Il y avait (dans la série des hérésies américaines) une piscine à l’hôtel, et l’expérience était étonnante. Vous sortez de l’eau, et vous êtes secs sans serviette, en deux secondes hop ! Donc ce n’est pas de la blague, c’est un lieu basiquement dangereux et néfaste pour les humains que nous sommes.

Il faut faire très attention, avoir toujours à portée quelques litres d’eau par personne, avoir un bon véhicule, un bon GPS, et ne pas trop s’éloigner des routes. Ce n’est pas la région pour faire 15 bornes de randonnée (peut-être en hiver bien sûr). Le parc national de Death Valley se visite donc par son système routier qui est impeccable, à l’américain, et qui permet de profiter de cet écosystème unique au monde.

Les photos de 2009 n’ont pas la même qualité que celles d’aujourd’hui, pas de filtre, pas de saturation comme la plupart des smartphones l’appliquent en traitement automatique avant même de nous montrer la photo dans la galerie. Mais même après 15 ans, je les trouve belles et elles permettent je trouve de plutôt bien s’imaginer l’endroit.

Dans ce lieu, terrain de tous les phénomènes géologiques, on trouve justement une variété extraordinaire de paysages désertiques, de montagne et volcaniques, mais aussi d’inondation « flash » et d’érosion, et contre toute attente, malgré ses températures démoniaques, une faune très riche et bien adaptée. Et évidemment si la faune se porte bien, c’est que l’endroit est tellement peu propice à l’installation humaine, qu’on n’a pas trop foutu le bordel (enfin rassurez-vous ils ont réussi à installer un golf dans le coin…), même si pas mal de mines de certains métaux ont justifié l’installation de communautés depuis le 19ème siècle (et les indiens Timbisha depuis bien plus longtemps).

On est dans le désert bien sûr, et on a droit à toutes les formes : erg aux dunes saharaouies, reg aux silex tranchant, montagnes aux reflets d’Atlas maghrébin…

On peut aussi visiter d’anciennes caldeiras qui ont donné d’étranges couleurs aux roches, et des activités plutoniques qui ont modelé toute la région.

Et puis des reliefs déchirés par les mouvements du magma et des sols, avec des tranches napolitaines aux reflets des minerais ferriques ou ferreux donnant d’impressionnantes palettes de couleurs (le paysage ci-dessous s’appelle Artists Palette).

Et puis il y a des paysages modelés par l’érosion de cette alternance de chaleur suffocante et des nuits plus froides, des inondations lorsqu’il se met à pleuvoir, et d’un vent terrible qui ciselle aussi les roches. Cela donne à Zabriskie point cette curieuse omelette norvégienne géologique faite d’amoncellement de boues solidifiées et ainsi sculptée.

La vue sur Badwater est absolument à couper le souffle, sachant que lorsqu’on est au sol on voit une étendue sans fin de boue et d’une fine croûte sèche avec des tas de microorganismes (il est interdit de marcher là heureusement) et un véritable écosystème. Ce basin aride est à la fois sec et donc un endroit humide et d’évaporation intense. C’est fou !!

Il y a quelques routes qui mènent aussi à des îlots de vie en dehors des villages modernes. On peut tomber sur d’anciennes mines de bauxite et des infrastructures minières sommaires, ou bien comme ci-dessous sur Scotty’s Castle (1922) dont l’histoire est vraiment étonnante.

La faune n’est pas très visible de la route, mais j’ai bien vu sauter quelques souris du désert. J’aurais adoré voir un Grand Géocoucou courir en posant à peine ses pattes sur le sol brûlant, car c’est l’oiseau qui a inspiré à Tex Avery le célèbre héros de mon enfance Bip-Bip. Mais au moins, la consolation ce fut ce magnifique coyote, qui m’a tout de suite fait penser au héros précédent. Il se confond complètement avec le paysage, mais j’ai arrêté Alex car j’avais vu un truc bouger au loin !!

Et enfin, Titus Canyon, c’est sans doute la route la plus flippante que nous avons dû prendre depuis qu’on voyage ensemble avec le mari. Là c’est la photo à la sortie du canyon, une fois qu’on avait fait le plus difficile, car cette route est en réalité une piste parfois à peine carrossable et stabilisé. Il y a des côtes qui m’ont fait peur, je me demandais si la voiture n’allait pas se retourner dans la pente était horrible. Parfois la route passe entre deux parois de roches avec 15 cm de chaque côté. Et on a croisé quelqu’un qui évidemment avait décidé de faire le truc dans l’autre sens !!! C’était clairement un passage très très dangereux, et je ne suis pas certain de vouloir le refaire. Mais alors, quels panoramas… On avait l’impression d’être en dehors de tout, et sur une autre planète. Avec cette chaleur qui plaque tout au sol, et ce silence mortel qui rend nerveux autant qu’il rassérène, c’était un périple excitant et mémorable !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: 
 

Les publications voisines

Post navigation