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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La Casemate du Pouldu

C’est marrant le terme « casemate » m’est familier mais tout de même beaucoup moins connu ou usité que « blockhaus » quand il s’agit de décrire cette kyrielle d’installations de bétons de l’armée allemande de la seconde guerre mondiale. Ce « mur de l’Atlantique » n’est pas vraiment pas une idée de l’esprit dans cette région où il subsiste une grande partie de ces constructions à la deutsche qualität impressionnante !!

C’est au Pouldu, à deux pas de la plage des Grands Sables, qu’un blockhaus a été complètement nettoyé et investi par une association. Ils en ont fait un petit espace mémoriel, véritable mini-musée en réalité, qui illustre les usages et le contexte historique de ces machins en béton.

Car ce truc bien évidemment était comme beaucoup d’autres blockhaus complètement laissé à l’abandon. Mais donc maintenant c’est un endroit tout propret et qui a été équipé avec des trouvailles (achats, collections locales etc.) variées qui expliquent le fonctionnement d’un bâtiment pareil. On trouve aussi des détails plus historiques sur les équipements du mur de l’Atlantique sur le territoire de Clohars-Carnoët, et l’implication dans la zone de Lorient durant la guerre. Le site internet de la Casemate du Pouldu est très bien renseigné, et permet d’avoir tout un tas de commentaires scientifiques sur ces constructions.

[Source]

Et voilà le plan du blockhaus qu’on peut visiter.

[Source]

C’est vachement sympa à visiter car il y a plein d’explications partout, et des petits trucs à voir (pas forcément toujours lié à la fonction de la pièce) qui sont dans le contexte de la seconde guerre mondiale. L’endroit est évidemment très exigu et en s’y faufilant on comprend bien la claustrophobie des soldats de l’époque, qui vivaient dans ce sarcophage de béton. Et on est un peu serré quand les visiteurs s’amoncellent dans une pièce.

Ce qui est génial dans le cadre de cette visite, c’est qu’il y a trois spécialistes et passionnés qui sont là pour expliquer l’endroit, son fonctionnement et plein d’anecdotes ou d’informations sur l’histoire ou l’usage de ces blockhaus. J’ai appris comme cela que le découpage super alambiqué de la côte bretonne a requis des tas de constructions alors qu’on en a eu besoin de beaucoup moins dans les Landes par exemple. Il fallait être en capacité d’arrêter des armées qui arrivaient par n’importe quel angle de l’océan, mais ce bunker en particulier, dont on voit bien sur la première image qu’il pointe sur la plage des Grands Sables, date de 1944, et c’est en réalité un complément au mur de l’Atlantique. Sa vocation était d’attaquer une éventuelle percée de la première ligne du « mur », d’où son orientation vers l’intérieur des terres.

Ce qui est étonnant aussi c’est qu’il a été fini à une date très très proche de la libération, et qu’en réalité on doute qu’il est jamais servi (ou très peu). C’est donc un exemple « flambant neuf » et de dernière génération.

La partie la plus intéressante selon moi est celle avec les couchettes et l’espace de vie des 6 soldats. On y voit concrètement comment ils pouvaient subsister, se reposer, mais aussi filtrer l’air en cas d’attaque (avec démonstration en live de cette machine filtrante qui fonctionne vraiment), ou bien monter un périscope pour voir ce qui se passait à l’extérieur, ou encore téléphoner puisqu’ils étaient reliés, en filaire, à tous les blockhaus du coin et à des commandements plus distants. C’est super intéressant de voir tous ces appareils d’époque, et remis en contexte.

En revanche, on reconnaît (et on loue) bien les passionnés et historiens ou collectionneurs amateurs qui ont mis tout cela en place, et il y a clairement une grande érudition dans tout cela, mais on peut aussi noter un petit manque « muséologique » à la visite. Beaucoup d’informations sont assez superflues et anecdotiques pour le visiteur moyen, et on n’a pas vraiment un fil rouge qui permet à la fois de découvrir les pans historiques, puis des activités plus militaires ou plus de la vie quotidienne etc. Pour le moment, c’est un peu posé comme cela, et cela manque un chouïa de « story-telling ».

Mais il faut saluer l’initiative et la qualité globale du lieu et de son animation. Cela deviendra sans aucun doute un incontournable du coin !!

    • C’est très accessible aux enfants, et c’est vraiment fait pour surtout dans la médiation culturelle avec des passionnés. Ils racontent vraiment des *histoires*, et les enfants présents buvaient littéralement leurs paroles ! :amitie:

  • Ah ah, mes « enfants » ont tous au moins 14 ans :clindoeil: … J’ai du mal à les convaincre de sortir de la maison pour une balade; l’idée, c’était que celle-là présente aussi un intérêt historique, une curiosité.

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