Un roman composé de poèmes, ou bien des poèmes qui bout à bout raconte une histoire à la manière d’un roman… je ne sais pas dans quelle catégorie placer ce livre ? C’est un peu ça, et pas vraiment. Ces textes ont en tout cas indéniablement une force poétique et lyrique fabuleuse, ils sont aussi structurés par sortes de stances qui font penser à des vers, mais c’est de la prose, et il y a même quelques dialogues. Alors on vogue comme cela entre une histoire qui est racontée et intelligible, des digressions plus oniriques et d’un aède convaincu, et une prose pénétrée d’un style vif et « coloré ».
L’auteur, Amos Oz, est un des écrivains israéliens les plus célèbres (c’est écrit derrière le bouquin, parce moi évidemment, le teubé de service, je l’ignorais), et ayant terminé ce livre-ci, je ne m’en étonne vraiment pas. Non seulement l’histoire est intéressante et prenante, et on est aussi tour à tour captivé, bercé ou malmené par ces strophes qui n’en sont pas vraiment. Cela m’a fait penser aux poèmes de Constantin Cavafis que j’avais découvert grâce à Alice, et qui avait ce même effet évocateur à travers une prose au rythme et au style d’une superbe maîtrise. Mais là Amos Oz déroule son talent sur un roman complet, ce qui démultiplie encore l’effet de ses mots.
L’histoire c’est celle d’un homme, le héros, dont la femme est morte, et qui a du mal à s’en remettre, et dont le fils (un peu fâché contre son père) est parti pour le Tibet en un voyage initiatique. Il y a aussi la petite amie du fils qui se rapproche du héros, et vient même jusqu’à habiter sous son toit. Leur relation prend jour après jour un aspect des plus troubles et confus.
Le style de l’auteur a aussi les accents de l’hébreu et d’Israël, on le sent bien dans les citations de ville ou les précisions géographiques (Tel Aviv, le désert de Néguev, Bat-Yam), dans les prénoms, dans les allusions bibliques (auxquelles je dois l’avouer… je n’ai pas compris grand-chose), mais aussi les tournures (enfin j’ai cette sensation, et cela me le fait toujours quand je lis des traductions, c’est un des charmes d’ailleurs, je trouve, de lire des auteurs traduits). C’était un bonheur de se plonger dans une telle littérature, si intense, riche, lyrique, sensible et poétique.
Le bouquin n’est pas super joyeux, mais il n’est pas non plus spécialement neurasthénique. Il permet surtout une belle évasion intérieure, de par ses évocations poétiques mais aussi par ce rythme incroyable qui bat comme un métronome tout au long de l’ouvrage. On se plonge dans ces lignes, et rapidement on est gagné par l’ambiance, la lecture, les émotions, on oublie le monde extérieur, et on se retrouve finalement tout calme et serein.
Roman en forme de poèmes, ça ne manque pas d’un peu de fluidité pour la lecture ?
hors propos, je ne suis pas du 31/05/76, je pense que tu t’en serais douté encore qu’un détail de taille en trois exclamations prouve une fois de plus ma complexité.
Pour une fois que tu ne lis pas que de la merde!
Voilà un livre et un auteur qui m’étaient totalement inconnus, je note ! :pompom:
J’ai lu le livre il y a deux ans et le souvenir que j’en garde est toujours vivant. C’est de la vraie belle littérature!
Dans un style voisin, *The Golden gate* de Vikram Seth. Formellement éblouissant et très émouvant.
*Mon Michaël* d’Amos Oz est un très beau roman aussi (pas en vers).