MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Emmène-moi au bout du monde

Seconde tentative de M. de m’emmener au Théâtre de la Bastille… Aheum deuxième échec. Moi qui me targue d’apprécier les arts contemporains et même un peu de conceptuel, eh bien je dois reconnaître que j’ai encore du boulot avec ce genre de théâtre. Non vraiment, je n’accroche pas… Je ne comprends pas, ce n’est pas assez explicite pour moi, et pourtant lorsque je dis tout cela, j’en mesure le contraste avec ma propre opinion sur l’art moderne. M. m’expliquait justement qu’il aimait ce qui émanait de ce genre de spectacle, une beauté formelle et informelle, une expression des sentiments et des émotions parfois crue ou drôle, une mise en scène qui surprend et qui transcende les propos etc.

Mais non. Tout ce que je fais instinctivement lorsque je suis en face d’une oeuvre, je n’arrive pas (encore) à l’appliquer à ce domaine du théâtre. Et pourtant les applaudissements et l’occupation de la salle prouvent que le spectacle a du succès, et certainement mérité. Mais moi, j’ai failli m’endormir à plusieurs reprises, et j’ai simplement décroché très rapidement.

« Emmène-moi au bout du monde » est un livre de Blaise Cendrars, et ce spectacle est en fait l’adaptation des quatre premiers chapitres par Jean-Michel Rabeux. Le texte est joué par Claude Degliame, une actrice qui m’a impressionné par sa performance. Non seulement le texte est superbe (quel auteur évidemment !), mais en plus elle est particulièrement étonnante dans la manière dont elle est possédée par ce rôle. La scène est une rambarde en métal, une sorte de « catwalk » en longueur où l’actrice déambule pendant l’heure que dure le spectacle. Du coup les spectateurs sont sur deux gradins les uns en face des autres, séparés par cette allée surélevée. L’originalité de cette disposition, et la mise en scène qu’elle permet, est aussi un des points forts de la pièce.

J’ai sincèrement trouvé tout cela très bien. Mais le jeu en lui-même et la manière de réciter le texte, les biais trouvés pour exprimer des chapitres écrits ne m’ont pas convaincu. Pire que cela même, ils m’ont fait bailler. On n’est tout de suite perdu dans un galimatias pénible dont on ne sort jamais. Et l’hystérie de la comédienne, même si elle permet de sortir de sa torpeur, n’arrange pas la compréhension.

Et pourtant, il s’agit (puisque je l’ai lu) d’une comédienne âgée et sur le retour qui exprime sa souffrance, la violence de ses relations avec les hommes, et avec la vie. Moi je n’y ai finalement vu qu’un numéro assez pénible, où on m’embrouillait pour faire intello plutôt que d’exploiter un magnifique texte.

Je me sens un peu ridicule de dire cela, dans le sens où c’est un plus ou moins ce que pourrait dire quelqu’un d’une oeuvre d’art abstrait. Un peu comme l’on m’avait un jour avoué que pour exprimer la tristesse, il valait mieux montrer une femme qui pleure, plutôt qu’un rectangle noir. Or dans ce dernier cas, je ne suis pas du tout d’accord, même si j’exprime finalement la même chose pour le théâtre. Dilemme ! Je me rends compte de mon béotisme, panique ! (Arf arf)

Je crois que pour le théâtre, j’ai besoin de choses concrètes, qu’on me raconte une histoire avec des personnages, et un texte intelligible. Je n’arrive pas à me mettre sur un autre mode… Pourtant j’ai déjà vu quelques pièces originales ou barrées, mais je me rends compte qu’un minimum de formalisme m’est nécessaire.

Du coup, je suis super motivé. Je crois que je vais lire le bouquin, et je vais retourner le voir ! Hop !

Emmène-moi au bout du monde

  • Ah! Claude Degliame! J’ai de très grands souvenirs de cette actrice au Théatre National de Strasbourg (dans Phèdre en particulier, déjà mise en scène par JM Rabeux).
    J’ai (presque) encore sa belle voix grave dans l’oreille (je suppose que sa voix est toujours belle et grave).

  • Mais non, c’est pas « Emmène moi au bout du monde », c’est « Emmenez moiiiii au bout de la terrrrrre »… :-)

    Pourquoi t’étais pas à Paris Carnet hier soir, toi ? :roll:

  • Tout comme pour l’art abstrait, le théâtre contemporanéo-abstrait doit sans doute avoir besoin qu’on connaisse certaines clefs, pour aborder l’esthétique et les sentiments exprimés avec un autre regard. Je dis cela même si je n’y connais rien.

    Ce qui est sûr, c’est que c’est ainsi que j’ai fonctionné avec l’art abstrait. A l’origine, je ne comprenais pas (« Quoi, un mec qui fait un monochrome ? Trop facile ! » ou bien « Moi, ça, je pouvais le dessiner quand j’avais 4 ans », ou bien encore avec un accent bourgeois « Oh, c’est trop conceeeeptuel ! »).

    Je dois avouer que c’est resté vrai quand l’artiste me semble vraiment se foutre de ma gueule mais je ne rigole plus quand je vois un bidet signé par un artiste (ah, dada ! ;-) ). Reste que cela a demandé qu’une amie ait la patience de me prendre par la main et de me faire visiter des musées et des expos pour m’expliquer. Et, ainsi, j’ai commencé à comprendre l’histoire de l’art moderne, ce qu’il représentait, quelles en étaient les nuances, les raisons et les inspirations (souvent sociales et politiques – parfois trop, peut-être, mais c’est une autre question).

    Bref, j’imagine que cela doit être la même chose avec le théâtre et ses formes les moins accessibles ? :book:

  • je ne vois pas pourquoi on devrait culpabiliser quand on n’aime pas quelque chose. C’est étrange ça ! c’est du harcèlement moral :  » tu devrais aimer ça ! « . Si on pense que c’est de la merde en tube on a le droit de le penser, et en ce qui me concerne, je ne m’en prive pas…

  • En plus le théâtre Bastille est une salle quelque peu moderne. Dans les théâtres « a l’ancienne », quand le spectacle nous emmerde nous avons au moins la possibilité de lever la tête et de se perdre dans les moulures, les dorures et autres peintures du plafond et du cadre scénique !:lol:

  • Je suis comme toi, Matoo… Pour moi, le théâtre, c’est une histoire, avec un début, un milieu et une fin (si possible dans cet ordre ! :-)) et des acteurs qui prennent le public par la main ou le coeur pour le conduire dans un monde à la fois réel et imaginaire, vrai et faux (le fameux « paradoxe du comédien »).

    Ceci dit, la seule pièce où je me sois endormi, c’était une pièce des Deschiens. Même du théâtre ultra-contemporain me paraîtrait palpitant à côté de leur humour merdique ! :shock:

    M’enfin, je dis ça, hein, je dis rien…

  • …Pour répondre au commentaire 4 :
    Je ne crois pas que l’intéressé sus-nommé (Machin-Matoo) avait envie de nous dire combien il se sentait fautif de pas « accrocher à ce genre du théâÂâtre ».
    J’ai plus ressenti ça comme de la frustration, de part son incapacité à saisir la substantifique moëëëlle camouflée dans la pièce… Donc aprés la 28ème minute du match, quand le Matoo s’est dit pour la Xème fois « Mais qui c’est qui a le ballon, là putaing ?!? », il ne s’aperçoit pas que plane au dessus de lui l’ombre d’un futur plein de menaces ! il finit peu à peu par céder du terrain à Dame Diversion, grande prêtresse des lycéens et autres éudiants et cause d’une épidémie ravageant nos bancs scolaires ! (Certains disent l’avoir vu la nuit au bord d’une route, pâle comme un spectre, habillée d’une longue robe blanche et vaporeuse… Brrr !) Enfin, bref ! Le spectateur non averti a vite fait d’attraper les symptomes caractéristiques de la fuite de la conscience :
    – regard vitreux (ou zyeux qui piquent, suivant le sujet),
    – tête dodelinante (un coup en avant… un coup en arrière… un coup à droite.. et CrrAcK ! un torticoli ni vu ni connu !),
    – soupirs signifiants moins « Oh ! Mais quel suspens haletant » que « Putaiiiin, mais quand est-ce qu’elle crève l’autre làààà ! »)
    – Haleine putride (Bah… si ! Fin de journée + 3H sans ouvrir la bouche, vous verrez ça sent pas bon !)
    – Et une fois que toutes ces petites choses de la vie sont réunies, on peut passez à la phase terminale : déconnection de la masse cérébrale !
    Alors ça donne des états de conscience plus ou moins élevé pendant le rest de la pièce et des attitudes plus ou moins drole (Grande variabilité interindividuelle : langue pendelante, filet de bave qui dégouline, etc.) Mais toujours est-il que quand la salle se rallume et que les comédiens battent le rappel, on se dit « Meeeerde, j’ai rien grillé du truc ! Qu’est-ce que je vais dire aux autres ?!? Tant pis j’applaudis et je suis d’accord avec le 1er qui parle… »
    …Et voilà comment on sort tout rabougri, le dos et le cerveau en compote pire qu’un lendemain de bringue et les fesses toutes chaudes (Mmpf !). Alors moi, je comprends le Matoo, qui se dit que la prochaine fois, il essaiera de saisir le pourquoi du comment « cette femme dansant la macarena soulève t-elle sa jupe en pleurant son amour perdu ? », juste pour éviter de s’emmerder comme un rat et d’avoir en prime l’impression de passer pour un de ces neuneu qui croit que Picasso c’est le nom d’une voiture (Je jure que je mens pas!)
    D’ailleurs si on prenait le temps d’initier les novices, ça faciliterait grandement la mise en pratique de ce rêve perdu/oublié que la « culture est accessible pour tous »… Et si on étend ça au sujet de l’école : « prendre le temps d’apprendre », ça éviterait probablement des bilans de l’Education Nationale aussi pitoyables et déprimants !

  • Le théatre c’est aussi prendre des risques, même pour le spectateur. Celui d’aller voir des choses différentes. Au pire on s’ennuie un peu ! Ou, oh joie, on accroche, on se laisse embarquer.
    Quelquefois ca doit tenir a peu de choses…
    Pour moi, emmene-moi au bout du monde, ca a marché. Je l’ai vu à Tarbes (et oui, on arrive a voir des choses aussi loin de Paris), avec un réel plaisir.

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