MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

MaTanthologie

Môman avait invité MaTante à déjeuner samedi midi, j’en ai donc profité pour la cuisiner (ah ah) un peu et compléter quelques vides chronologiques.

J’avais déjà évoqué le fait que son père, mon arrière-grand-père, est arrivé du Portugal pour faire la guerre de 14-18, qu’ensuite il s’est installé en tant que mineur dans le nord (à Mazingarbe), et qu’en 1919 mon arrière-grand-mère l’a rejoint là-bas avec MaTante (qui avait 4 ans). Souvenez-vous il y avait un figuier dans l’affaire… (ça y est d’ailleurs, j’ai une bouture dans un pot chez moi !)

Donc les choses se précisent lors de l’arrivée à Paris. C’était en 1925, et ils ont atterri dans la « zone » à Clignancourt, et mon arrière-grand-père creusait le métro parisien pour gagner sa vie. Ils ont d’abord habité par terre chez des portugais tout près de la Porte de Montmartre. Et puis, ils ont construit une baraque en bois comme tous les immigrants portugais du coin. Apparemment, ils se cotisaient pour faire venir un camion de mâchefer afin d’avoir un chemin praticable même par temps de pluie, et de ne pas se retrouver les pieds dans le boue. MaTante a bien insisté sur le fait que la zone représente ses plus belles années, les plus heureuses malgré le manque de moyens.

En 1930 donc, elle se marie à 15 ans avec un portugais du coin. Mais cela ne dure pas, et elle s’en sépare rapidement (pour des violences conjugales…). Ils devaient se marier à l’église au Portugal, ce ne sera donc jamais le cas. Dans cette même période son frère, mon grand-père, fait connaissance de ma grand-mère au patronage. Ma grand-mère habite dans la zone aussi avec ses parents (elle avait été confiée à des bonnes soeurs jusqu’à ses huit ans, en 1932). Mon grand-père et ma grand-mère ont passé leurs communions ensemble, ils sont du coup sur la même photographie ! Je ne savais pas du tout qu’ils s’étaient connus là, et dans ces conditions.

A 19 ans, en 1934, MaTante est placée comme bonne par mon arrière-grand-mère. Je n’ai pas bien compris chez qui elle était employée, mais elle y a apparemment servi Paul Reynaud et Giscard d’Estaing (le père). Elle est très timide, mais elle fait connaissance avec d’autres bonnes des autres étages de son immeuble. Et un samedi soir de 1937, une de ses copines la traînent au bal à Wagram (où je suis allé moi en boite !!). Du coup elle donne un faux prétexte à mon arrière-grand-mère, et elle file au bal. Là sa copine flirte avec un jeune gars qui rentre tout juste de sa conscription. Lorsque le pote de ce mec se lève pour danser, MaTante prend sa chaise et discute avec le jeune gars. Ils finissent par tous sympathiser. Le pote du gars finit par s’intéresser à MaTante, c’est MonOncle !

Il lui donne rendez-vous le jeudi d’après, devant la mairie du XIIIe arrondissement. MaTante panique, elle pense qu’il ne sera pas là, ou bien qu’il ne la reconnaîtra pas. Mais il est là, et ils restent ensemble pendant les 68 années à venir. (Comme quoi le divorce, ça a aussi du bon !)

Pour l’anecdote, MonOncle et son pote passaient du bon temps alors que leurs parents les croyaient encore à l’armée. Ils ont donc envoyé des cartes postales en leur donnant des nouvelles d’Alsace… postées de Paris !!! :mrgreen: En outre, chose incroyable, mais une des filles du pote de MonOncle épousera plus tard le frère aîné de mon père !!

MonOncle et MaTante habitent rapidement ensemble, rue de la Butte aux Cailles, dans le XIIIe. Apparemment cette « fréquentation » ne pose pas de problème aux parents de MaTante même s’ils ne sont pas mariés (dingue non ?). Un jour la mère de MonOncle débarque et ce dernier loue une chambre pour MaTante dans la rue d’à côté (il était vraiment gonflé lui alors !). Ils achètent un divan aux puces de Clignancourt. Mais MaTante traîne et traîne tant (elle avoue qu’elle avait un plan) que la mère arrive alors qu’elle est encore dans l’appartement. La mère dit « Alors c’est vous qui vous occupez de mon ménage pendant que je suis pas là ? ». L’appartement est impeccable, la mère de MonOncle est contente. MaTante veut partir, mais la mère s’exprime « Ah non alors, vous allez manger le pot-au-feu avec nous ! ». En fin de soirée elle dit : « Bon et puis vous allez pas rentrer dans votre chambre, vous allez rester là. ». A la fin de la semaine elle conclut : « Bon, vous allez pas louer une chambre pour rien. Autant emménager ici ! ». Et voilà. Ils sont officiellement en ménage pour tout le monde.

Lorsque la guerre éclate et que MonOncle doit partir, MaTante se retrouve seule, et relativement en difficultés. La concierge lui fait alors un mot expliquant qu’elle vit maritalement avec MonOncle, et qu’elle peut témoigner de cet état de fait. Grâce à cela, MaTante obtient une pension comme si elle était mariée.

Ils se marient effectivement en 1941 à la mairie. Ma grand-mère est alors enceinte de mon oncle. Et en 1941, la famille s’installe aussi à Osny, mon arrière-grand-mère, mon grand-père et ma grand-mère. MonOncle et MaTante restent parisiens pendant de nombreuses années (ensuite ils habitent au 35 boulevard Richard Lenoir dans le 11e), avant d’habiter à leur tour à Osny. Pendant la guerre, Osny était encore un village de la campagne profonde, et on pouvait avoir un potager, élever des animaux etc. C’est avant-tout pour améliorer leurs conditions de vie au quotidien, qu’ils se sont installés là.

MonOncle est boucher aux Halles, et MaTante s’occupe de la caisse. Leurs patrons les emmènent régulièrement à l’Opéra Comique ou au théâtre mais mon grand-oncle s’endort. Hé hé hé. Il préfère aller aux matchs de boxe à l’Elysée Montmartre. MaTante était connue sous le surnom de « Ponette » (un petit poney) aux Halles. Elle n’est pas grande ! ;-) (Oui je sais c’est héréditaire ! Arf.)

Voilà c’est écrit, je ne l’oublierai pas. Verba volant, scripta manent.

  • J’avoue qu’entre le copain du tonton de la tata du tonton de la grand-mère je n’ai pas suivi grand chose :gene:

    Cela dit, je vois que les fins de semaine « famille » nous plongent toujours dans nos histoires et dans l’Histoire. J’aime.

  • j’adore les histoires de TaTante :love:

    c’est drôlement interessant de faire parler les vieux, la soi disant morale bien plus
    stricte que maintenant blablabla dont nous parlaient nos parents, on s’aperçoit vite
    qu’elle pouvait quand même être transgressée sans que ça choque tant de monde que ça :petard:

    et puis tu as raison, les mots s’envolent … si tu devenais son biographe pour de vrai ?

  • « Le papa du papa du papa de mon papa
    S’affolait pour les mollets
    D’la maman du papa du papa de mon papa,
    Qui rêvait de convoler
    Quand Aimé lutinait les jolis
    Mollets moulés de la molle Amélie
    Ell’ frétillait, tortillait comm’ l’anguille alanguie »
    [Boby Lapointe]
    Toujours agréable de lire vos chroniques familiales.

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