D’abord il faut que j’avoue, je suis un grand fan de Daniel Pennac (dont un de ses livres est d’ailleurs entré dans mon panthéon). Ce livre n’est pas un de ses habituels romans, ni même une pièce de théâtre, mais bien une oeuvre qui pourrait être récitée sur une scène. En effet, il s’agit d’un soliloque d’un personnage unique, un comédien ou un artiste (on ne sait pas trop) qui vient de recevoir un prix qui récompense « toute son oeuvre ». C’est alors qu’il est sur scène, et doit remercier… il mettra tout le bouquin à le faire.
Daniel Pennac a interprété ce rôle au théâtre, et je dois dire que j’aurais aimé l’y voir et écouter. En effet, le bouquin donne des indications scéniques mais cela ressemble au final un peu à une tirade à la Cyrano (celle des nez), où l’auteur indique la teneur ou la manière avec laquelle le personnage exprime ses assertions. Donc le lire sans l’avoir « vécu » diminue forcément l’ampleur de ce très beau texte. Beau car terriblement bien écrit, et avec cette stupéfiante qualité qu’a Pennac de s’exprimer dans une langue très simple, très orale, mais de réussir à véhiculer des idées complexes et subtiles.
Et l’orateur nous gratifie donc d’une heure et demie de variations sur le thème de la gratitude. Remercier qui et pourquoi, et comment ? L’artiste en donne pour son grade à tous, la famille, les amis, les officiels, les collègues, et finalement lui-même ! On ne peut pas dire qu’on sorte indemne d’un truc pareil, d’autant plus que la saisissante mise en abîme du spectacle (les spectateurs sont du coup ceux à qui l’auteur s’adresse dans le cadre même de son monologue) implique très fortement l’observateur et auditeur, habituellement passifs. En tant que lecteur l’effet est moindre, mais on le simule sans trop de mal, et au moins on peut se délecter avec un peu plus de circonspection de quelques traits bien sentis de l’écrivain.
Après la lecture du texte, c’est ce même mot qui résonne « Merci », sur tous les tons, toutes les acceptions, toutes les valeurs. Cette vision de Pennac est attirante, pas révolutionnaire bien sûr, mais vraiment habile et fascinante (comme d’hab).
Mon chéri m’a offert le texte cette semaine (le folio, qui contient le texte original de 2004, certainement celle que tu as lu) et son adaptation au théâtre (telle qu’elle est mise en scène par Jean Michel Ribes). Le folio contient aussi un récit sur l’aventure théatral (mes italiennes).
J’avais vu la pièce avec Niklas, nous avions beaucoup aimé.
Daniel Pennac est en tournée avec cette pièce (le 17 octobre à Chartres)
Philippe[s]> Ah ouai moi je ne vois de créneau que le 13/03/2007 à Colombes !! :hum:
Patapouf> Ah nan c’est une copine qui m’a prêté celui que j’ai mis en vignette. Donc pas de textes complémentaires. Faut que tu me prêtes çaaaa ! :help:
Juste pour dire qu’il joue ce texte au théâtre d’Antony (92) dans les mois qui viennent ! Enfin, je crois …
je confirme ce que patapouf a dit : nous avions beaucoup aimé le spectacle :pompom:
J’ai eu la chance inouïe de le voir interpréter son texte au salon du livre de Bruxelles en février dernier.
Un pur moment de grâce mâtiné de juste ce qu’il faut de caboinage pour sier au sujet.
Depuis que je sais qu’il est pote avec Benacquista et qu’ils s’entraindent et se passent des titres et autres trucs, je l’aime encore plus (ce qui n’empêche pas que j’avais décroché en fin de Malaussène). Je regrette qu’il ait interrompu trop tôt ssa série des Kamo.
CABOTINAGE je voulais dire (mais comme je tapais en aveugle à cause d’une superposition de la colonne de droite, bref, c’est pas très lisible comme résultat).
J’oubliais : quand je l’ai écouté et vu sur scène, je n’étais pas le moins du monde en bonne dispositions pour, préoccupée à pierre fendre et présentant un malheur de plus dans ma vie qui alors en était remplie. Il a malgré tout réussi à m’embarquer dans son histoire. C’est dire s’il fût bon et son texte aussi.
PS : je crois qu’il existe en DVD, à défaut de mieux.