Dès l’aurore, dis-toi par avance : « Je rencontrerais un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un insociable. Tous ces défauts sont arrivés à ces hommes par leur ignorance des biens et des maux. Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle du mal est le laid, et que la nature du coupable lui-même est d’être mon parent, non par la communauté du sans ou celle d’une semence, mais par celle de l’intelligence et d’une même parcelle de la divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d’aucun d’eux, car aucun d’eux ne peut me couvrir de laideur. Je ne puis pas non plus m’irriter contre un parent, ne le prendre en haine, car nous sommes nés pour coopérer, comme les pieds, les mains, les paupières, les deux rangées de dents, celle d’en haut et celle d’en bas. Se comporter en adversaire est donc contre nature, et c’est agir en adversaire que de témoigner de l’animosité ou de l’aversion. »
Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.
Il évoque pour la première fois une chose qui m’avait beaucoup marqué lors de ma première lecture, et qu’il martèle pendant tout le bouquin. En gros, on sait qu’il y a des cons sur Terre, et qu’on aura affaire à eux, donc cela ne sert à rien de les fustiger puisqu’on sait qu’ils existent. Là il insiste sur le fait que nous sommes tous frères, et que nous ne devons pas en vouloir aux fâcheux car ils sont seulement ignorants (position un peu orgueilleuse et immobiliste que je ne partage pas sur le coup puisqu’elle ne prend même pas en compte ses propres défaillances et remises en question…).
Eh ben dis-donc, en ce moment, tu (re)découvres plein de choses des Anciens !
Dans la deuxième partie, M.A. a une pensée sage au sujet de la famille (les proches).
Ben c’est le fameux : « nul n’est méchant volontairement » de Socrate et beaucoup de ses successeurs : on ne fait pas du mal pour le plaisir, mais plutôt parce qu’on ignore ce qu’il faut faire adéquatement, ou plus souvent parce qu’on est persuadé que ce qu’on fait est adéquat. Et après on peut effectivement se plaindre qu’il y ait tant de cons sur Terre, mais on peut aussi se dire que l’important c’est aussi que tout cela fonctionne, et qu’il faut juste éviter d’avoir trop affaire à des cons quotidiennement, parce que à force, ça use :mur:! Il est bien ce Marc-Au !