Ce film est une sacrée curiosité et un OVNI dont je n’ai entendu parlé qu’au cinéma, en voyant par hasard une bande annonce. Je ne pense par qu’il excèdera la semaine vu le nombre de personnes dans la salle hier (premier jour de sortie), et pourtant c’est un très bon film.
Il s’agit d’un film brésilien et l’action se passe à Rio, en particulier dans le Lapa, un quartier chaud, malfamé et populaire. Le protagoniste principal, Joao Francisco dos Santos (1900-1976), est un homme black qui a vécu là-bas et qui est connu en tant que « Madame Sata », son nom de scène en tant que travesti et qui a gagné à plusieurs reprises le carnaval de Rio.
Ce black immense et baraqué oscille allègrement entre la baston à la capoeira (et il est plutôt balaise, il envoie valdinguer comme ça pas mal de flics notamment) et l’envie de se produire sur une scène en diva en chantant des chansons romanesques et tendres dans son lamé dorée. Le film explique toute la complexité de ce personnage qui aspire à jouer les primas donnas, et qui s’adaptant à son modeste milieu (ce n’est pas non plus une lumière) est aussi un petit voyou qui escroque, vole et passe pas mal de temps en taule. Il n’est pas toujours très tendre envers ses congénères, et surprend par des sautes d’humeur inconsidérées.
Du coup, on peu abandonner complètement l’idée du stéréotype pédé. Ce mec est aux antipodes de tout ce qu’on peut imaginer. Et c’est bien ainsi parce que c’est ce qui fait de lui une personnalité riche et singulière. J’ai beaucoup aimé la manière dont c’est filmé avec des plans très serrés et des visages qui mettent en exergue une multitude d’expressions. Les couleurs aussi sont très particulières et montrent le paradoxe entre une palette riche (très Brésil) et une misère omniprésente dans le quartier, tout en nous plongeant dans une atmosphère bouillonnante des années 30.
Le film dépeint une misère intellectuelle et sociale mais dans ce quartier bohème et chaud, où on danse, on crie, comme pour conjurer son malheur. Aussi Madame Sata est à l’image de cette situation. Elle/Il essaie de survivre avec ses armes et son honneur, tout en assumant sa position de black, d’homo et son désir d’être une artiste accomplie. C’est original de suivre le cheminement de ce personnage qui n’est pas particulièrement gentil ou sympathique, qui galère, qui se bat, qui baise et qui essaie de survivre dans cet environnement malfaisant.
J’avais voulu voir le film à mon retour de Paris, quand j’étais bloqué à Bruxelles par la grève de la SNCB. Malheureusement, mon timing ne me l’a pas permis. Regrettable, donc. Un film de plus sur ma list de chose à faire.
y’a une super critique sur telerama
mais comme je suis en province, film invisible, merci de l’avoir partagé.