La Galerie Borghèse de Rome est un musée très célèbre, et il doit sa remarquable collection à la famille Borghèse, qui a commencé avec le cardinal Scipione Borghese à partir de 1607. Ce dernier et d’autres membres ont ainsi pu accumuler des œuvres extraordinaires, et c’est une petite partie qui est visible en ce moment (une quarantaine de peintures) au musée Jacquemart-André. Sont donc représentées quelques œuvres emblématique de la Galerie Borghèse, et c’est une vraie chance d’en profiter dans un tel écrin et avec une telle « intimité ».
Il n’y a rien que j’aime plus dans la peinture classique et « conventionnelle » (parce que mon vrai truc c’est tout de même l’Expressionnisme et les débuts de l’abstraction) que les explorations picturales autour de la lumière, et donc les usages inconsidérés du clair-obscur. Donc de Caravage à Rembrandt en passant par notre de La Tour, je peux rester de longues minutes hypnotisé par certaines toiles. Et cela se reflète aussi dans mon attrait pour van Gogh et ses mangeurs de pommes de terre (et moins pour les tableaux les plus connus) qui est pour moi une référence extraordinaire dans ce domaine.
Donc j’ai beaucoup aimé ce « Loth et ses filles » de Giovanni Francesco Guerrieri, même si ma photo n’a pas du tout été bien prise. L’intensité des expressions des visages, et cette lumière crue qui vient souligner tout cela, c’est génial !!

Mais dans le domaine évidemment, le maître c’est Le Caravage, et il y avait un seul tableau mais qui est super connu, et j’étais très content d’enfin le rencontrer. J’ai toujours une pensée pour ce roman qui propose une fiction biographique du peintre mettant en valeur son homosexualité, sa vie trépidante et une existence qui sent le soufre pendant toute sa vie. Ce « Garçon avec un panier de fruits » est une de ses œuvres sulfureuses justement avec son amant1 comme modèle dans une pose et attitude très suggestives.

Cette Cène de Jacopo Bassano aussi m’a bien tapé dans l’œil pour l’énergie folle qui s’en dégage. Les personnages semblent bouger tant la tension de la situation est palpable, et on sent que c’est tout sauf un p’tit déj tranquille entre potes ! Détails marrants, le chien calme dans la lignée de JC représente la loyauté, et le chat à l’extrême droite sous Judas, tout le contraire évidemment.

Bon et on tape dans la star de chez star avec ce Raphaël, sans doute aussi connu que la Joconde, la dame à la licorne. C’était vraiment chouette de pouvoir profiter d’aussi près d’un tel chef d’œuvre.

La figure mythologique de Sybille de Cumes par Le Dominiquin est sans doute un des tableaux dont la découverte là m’a le plus frappé. Il est tellement parfait, tellement bien exécuté et délicat, et ce visage est d’une troublante beauté.

Enfin, il y a ce portrait d’Antonello de Messine qui date de la fin du 15ème siècle et que je trouve absolument troublant (raison pour laquelle je vous l’ai collé en tête de l’article). Le visage est parfaitement peint avec une attitude incroyable, et un regard fascinant. On dirait un selfie d’aujourd’hui d’un quidam qui regarde la caméra, et ce flegme est fabuleux (sans parler de la manière dont il a rendu la texture du pourpoint en velours).

Et donc ce tableau d’Andrea Solario suivant est un de ceux qui ont particulièrement retenu mon attention. Autant je me moquais éhontément d’un Christ un peu raté dans la collection permanente du musée, autant celui-ci est extraordinaire selon moi. La construction du tableau, les personnages, et l’attitude du Christ avec sa carnation, son regard, ses lèvres, les traces sur son corps, il y a un truc très fort qui se dégage. C’est du très grand art.

A voir à Paris, ou à Rome bien sûr !!
- Ou pas hein, ce n’est qu’une hypothèse historique. ↩︎
Ils devaient avoir quitté Rome quand j’y suis allée cet été (la galerie Borghese est plus ou moins en travaux). J’espère qu’ils n’y retourneront pas avant que je prenne le temps d’aller à Paris (où il doit être bien plus facile de les voir)!
Oui j’ai lu que c’était pour ça que des tableaux aussi importants étaient prêtés. Mais l’expo s’arrête le 6 février, c’est vraiment la fin !!
Ah ben c’est râpé, alors.
Mais sinon, tu ne trouves pas qu’il te ressemble, cet Antonello ??
Ah ah, j’ai eu une remarque similaire sur Mastodon. Eh oui je pense maintenant que c’est peut-être aussi cela qui a retenu mon attention, mais ce n’est pas aussi flagrant que pour ce cas-là.